Actualités d’Europe du 6 novembre 2017
VAGUE DE POPULISME SUR L’EUROPE
Le Brexit et l’élection de D. Trump ont sonné le tocsin de l’incendie populiste. Mais l’élection présidentielle, en Autriche de 2016, où le «vert», Alexander Van der Bellen, l’avait emporté devant Norbert Hofer du parti d’extrême droite (FPÖ), avait procuré en UE un soulagement trompeur pour les démocrates. L’élection d’Emmanuel Macron avait redonné de l’espoir et un souffle européen ! Mais l’incendie reprend !
L’effet était trompeur : la France a basculé dans les extrêmes, avec plus de 43 % pour les extrêmes droite et extrêmes gauche réunies (Mélenchon et Le Pen) –anti-systèmes, anti-européennes, contre les élites françaises et bruxelloises-.
En Autriche A Van der Bellen, l’avait emporté de justesse sur N Hofer en décembre 2016. Le 15 octobre 2017, emmené par son leader de 31ans, le parti populaire (ÖVP) arrive en tête des élections ! Il pourrait s’allier avec le parti nationaliste FPÖ. À 31 ans, S Kurz peut devenir le plus jeune dirigeant d’un pays au monde.
Même des pays traditionnellement démocrates et éloignés de l’extrémisme y succombent à leur tour : le Danemark, où le Parti populaire, avec le jeune Kristian Thulesen Dahl ( 48 ans), a raflé 21°/° des voix aux législatives de 2015, .
Même l’Allemagne, qui, à cause de son passé, tenait écartés du pouvoir les partis nazis et d’extrême droite, voit l’AfD devenir la 3e force du Bundestag avec plus de 12,7 % du fait de sa campagne anti-migrants, autant dans les Länder de l’Ouest, que dans ceux de l’ex-RDA, été 2015, au moment de leur afflux massif en Europe sur et surtout en Allemagne.
Ce qui caractérise également ces partis, en dehors de la lutte contre les migrants et les quotas imposés par «Bruxelles», c’est la volonté d’être anti-système. Aussi voit-on des visages jeunes, nouveaux qui reflètent cette complète absence de complexe. Ces dix dernières années, une nouvelle génération de femmes politiques réussit à s’imposer sur le devant de la scène. Leur point commun ? Un autre visage de l’extrême, plus moderne, plus féminin : stratégie de façade qui parvient à faire passer les mêmes messages xénophobes. Il reste que les nouvelles égéries engrangent de bons résultats électoraux. Dernière en date : Marine Le Pen.
Parmi ces figures de proue : Pia Kjaersgaard, présidente du Parti Populaire danois, Kirsztina Morvai, eurodéputée hongroise du parti Jobbik, Anke Van Dermeersch sénatrice belge du Vlaams Belang de Geert Wilders, Siv Jensen, à la tête du Parti du progrès norvégien, Céline Amaudruz, présidente de l’UDC (l’Union Démocratique du Centre Suisse), Alice Weidel, ancienne banquière, lesbienne affichée succède à Frauke Petry. L’extrême droite, intrinsèquement misogyne et sexiste prône des mesures telles que le déremboursement de l’avortement ou la création d’un salaire parental, tel le PIS en Pologne !
Ces visages se proclament anti systèmes : tel Babis, le Trump tchèque, élu malgré une affaire de détournement de fonds européens. Finies les certitudes de l’euphorie post- totalitaire, la marche vers l’OTAN et l’UE. Les Tchèques prônent l’immigration zéro : ils ont accueilli pourtant moins d’une vingtaine de réfugiés ! Fondant leur identité sur des valeurs religieuses, ils voient l’Occident et les pays telle la France, comme des «pays multiculturel» !
On peut donc craindre un resserrement des liens entre l’Autriche de Sebastian Kurz, la Hongrie de Viktor Orban et d’autres États de Visegrad, telle la Pologne, sans oublier la Slovaquie de Fico. La fragmentation de l’Europe est un risque réel !
Emmanuel Macron, après son intervention au Conseil de l’Europe, s’est exprimé devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH). Une façon pour le président de réaffirmer son engagement pro-européen. Un discours et des défis pour Emmanuel Macron qui sont aussi les nôtres ! Les démocrates d’UE auront fort à faire pour défendre les valeurs de liberté, d’accueil et les valeurs humanistes.http://grand-angle.lefigaro.fr/extreme-droite-europe-enquete-vote-populisme
CATALOGNE :
Puigdemont parti à Bruxelles, la confusion règne, Mariano Rajoy durcit le ton et les manifestations se poursuivent… 9 ex-membres de l’exécutif régional sont placés en détention préventive pour rébellion et risquent 50 ans de prison. Presse et opinion publique -et même Catalans-, se divisent.
Le ton monte. On oublie que l’égoïsme fiscal est un des désirs de plus d’autonomie en Calalogne, avec celui de défendre culture et langue. Raisons donc économiques, fiscales et identitaires à l’origine de ce conflit. Cf les graphiques de BFM :
http://www.bfmtv.com/international/le-conflit-entre-la-catalogne-et-l-espagne-en-6-graphiques-1269031.html
Comment viser une Europe des régions, si la Catalogne ne fait déjà pas preuve de solidarité ?
MOBILISATION SPECTACULAIRE POUR PLUS D’AUTONOMIE EN LOMBARDIE ET VÉNÉTIE
Lors du réferendum du 22 octobre, soutenu par la Ligue du Nord, parti d’extrême droite. Triomphant dans les urnes dimanche soir, la ligne régionaliste et antifiscale (qui a assuré le succès du mouvement créé par Umberto Bossi à la fin des années 1980) est incarnée par les 2 présidents de région à l’origine des votes, Roberto Maroni et Luca Zaia. Basé sur le refus de «payer pour les autres régions», l’argument mettant en exergue le «solde fiscal» de 22 milliards d’euros (différence entre l’argent perçu dans la région par L’État central et ce qui y retourne, soit plus de 4 000 euros annuels par habi- tant) a, il est vrai, marqué les esprits… Toutes les communes de Vénétie ont, dans une région très hostile au centre gauche (incarné par Matteo Renzi du Parti démocrate), lors du référendum constitutionnel 2016 voté «non », envoyant un coup de semonce en direction de Rome. Avec ces repliements inquiétants sur une région, une identité, un égoïsme fiscal, que deviennent les solidarités nationales, les contrats du citoyen et de la nation ?
ROUMANIE* :
Après avoir augmenté les salaires, le gouvernement les diminue
«En 2016, le Parti social-démocrate gagne législatives et présidentielle, en promettant d’augmenter retraites et salaires. Logiquement élue, la gauche revalorise le Smic à 325 € (hausse de 16 %). Dans la foulée, on bichonne les fonctionnaires – ils en avaient besoin – augmentant leur salaire de 30 % à 100 %-. Les intermittents du spectacle voient leurs revenus doublés… C’est l’euphorie nationale. Seul le Conseil fiscal roumain joue les Cassandre indiquant qu’il manquera 2 milliards d’euros au budget et Bruxelles redoutant un scénario à la grecque, sonne le tocsin…
Les chiffres tombent : la Roumanie, plus mauvaise élève de l’UE, accuse 4,1 % de déficit, conduisant son gouvernement en octobre à amputer les salaires de 20 %, mettant les cotisations sociales patronales à la charge… des employés. Du jamais vu en Europe : les électeurs descendent dans la rue pour reprocher au gouvernement de leur reprendre ce qu’il leur avait offert sur un plateau. Le Premier ministre Tudose ne recule pas, affirmant que le déficit n’excédera pas 3 % en 2017. Bruxelles peine à croire celui qui vient de perdre son titre de «docteur» : Il avait acheté sa thèse «quelques mil- liers d’euros». À SUIVRE…
* sources : Ouest-France 3 novembre 2017