Actualités Démocrates d’ Europe du 20 juin 2016.
BREXIT :
JE T’AIME, MOI NON PLUS ….
L’assassinat de Jo Cox, députée europhile, relance les pronostics des deux camps. SEULE CERTITUDE : les excès et la violence des pro-Brexit encouragent les comportements irrationnels des «hooligans» de la politique, parfois hélas, jusqu’à l’extrême, et à l’irréversible…
Jusque là…
L’Europe attend le résultat du Brexit dans une sorte d’indifférence générale. En France en tout cas : le foot fait la «une» ainsi que les grèves et le combat CGT-Gouvernement. Néanmoins, si le débat est occulté ici, en Angleterre, il fait rage !
Les sondages donnent le Brexit vainqueur. Paradoxalement, dans les sondages, le taux de participation au referendum sur le «remain» (= rester) ou le «leave» (quitter) est bas. La presse anglaise majoritairement anti-européenne se déchaîne !
Parmi les europhiles, politiques et marchés financiers sont les plus fébriles !
De nombreux Européens s’inquiètent, à commencer par JC Juncker, qui multiplie les déclarations, les interviews1. Les grands groupes financiers et industriels qui soutiennent l’UE sont peu audibles et apparaissent comme des ultras libéraux aux yeux des partisans du Brexit. Sans doute, à cause de cet anti ultralibéralisme, Jeremy Corbin, à la tête des travaillistes britanniques (pourtant actuellement majoritairement pro-européens), ne fait pas campagne pour rester dans l’UE ou alors très discrètement !
Les adversaires du Brexit en viennent à souhaiter même une prise de position de la reine pour rester dans l’UE. David Cameron est donc bien seul à défendre le «remain» dans ce referendum qu’il a lancé !
Il faut souligner que dans cette campagne les arguments en faveur de l’UE n’en sont pas : ils s’appuient sur la peur des conséquences d’une sortie de l’UE ; n’en expliquant pas les avantages ; ils en détaillent les dangers, pas les bénéfices. Ainsi, JC Juncker et Mark Rutte, premier ministre des Pays-Bas, chantent-ils les mérites du marché unique, oubliant qu’on ne tombe pas amoureux d’un marché !
Car les arguments, il est vrai, sont délicats à mettre en valeur :
Vanter les mérites de la zone euro ? En Grande-Bretagne, cela relève du défi : la zone euro a amorti la crise de 2008, mais les peuples ne retiennent que la crise et son austérité.
La libre circulation et l’espace Schengen ? Une réussite oui, mais les citoyens ne retiennent que la crise des migrants !
Il est donc plus facile pour les partisans anglais de l’UE de vanter les mérites du vaste marché unique…
Parmi les conséquences agitées pour éviter le Brexit : celle du lourd tribut à payer par la «City» surtout, alors que la finance représente près de 10% du PIB britannique. Le Figaro prédit que « la plupart des banques américaines implantées à Londres » chercheraient « à s’implanter ailleurs ». La plateforme financière se verrait toujours soumise aux réglementations européennes, mais sans avoir son mot à dire.
Les conséquences sur le commerce sont brandies comme épouvantail, car le Royaume-Uni commerce plus avec l’UE qu’avec le reste du monde et devra, en cas de sortie,« renégocier des douzaines d’accords commerciaux bilatéraux en position affaiblie », expliqueThe Economist. Les produits anglais seront soumis à des droits de douane pour être vendus en Europe ! (le cheddar par exemple à 167 euros pour 100 kilos).
Des milliards de droits de douane seraient donc à payer pour Londres en cas de sortie de l’UE. Le 7 juin, le directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce a prévu que les exportateurs britanniques risqueraient de payer 5,6 milliards £ (7,2 milliards €) annuels en droits de douane supplémentaires si le Royaume-Uni quittait l’Union européenne.
Irlande, Luxembourg, Malte et Chypre seraient les plus exposés des pays européens, par l’éventuelle sortie du Royaume-Uni, selon une analyse publiée le 9 juin par l’agence d’évaluation financière S&P Global ratings.
On imagine aussi une scission du royaume, les Ecossais souhaitant rester dans l’Europe !
Les prédictions se succèdent dressant un triste tableau, tant pour l’UE qui perd une économie de poids, que pour la Grande Bretagne et le monde entier.
Hommes politiques et analystes de think tanks, multiplient les appels à une nouvelle Europe, refondée1. Tout le monde retient son souffle jusqu’au 23 juin. Mais n’y-a-t-il pas un match ce jour-là ? Non ce sera la veille le 22 !
1 Le monde du 14 juin pour H. Vedrine et Dacian Ciolos
LES BREVES …
Erdogan s’immisce dans la politique allemande !
2 juin – le Bundestag vote la reconnaissance du génocide arménien.
6 juin – Erdogan s’en prend à Cem Ozdemir, né en Allemagne de parents turcs, principal instigateur du vote de reconnaisance du génocide arménien et également au secrétaire d’état allemand à l’intégration, lui aussi d’origine turque. Ses propos sont violents, il parle de leur sang turc impur ! 11 députés turcs reçoivent des menaces sur les réseaux sociaux.
9 juin – Le président du Bundestag réplique violemment au président turc et le président du Parlement européen écrit au président turc «en tant que président d’un parlement multinational, multiethnique, multiconfessionnel…pilier de la démocratie».
Homme d’affaires germano-turc, Remzi Aru, fervent admirateur d’Erdogan annonce son intention de créer en Allemagne un parti, en réaction à la provocation de la reconnaissance du génocide. Un moyen de peser sur la décision afin que les Turcs rentrent sans visas ? A suivre !
Le ¨Parlement Européen s’est penché sur la loi antifraude, dite OLAF, sur l’OMC, sur le commerce des services (TISA).
Le parlement européen a sanctionné l’ancien député européen de France, J-Ch. Marchiani, pour 3 emplois fictifs d’assistants (1999-2004) et lui réclame 107.700 euros1
1 J’invite à consulter sa biographie : ancien officier de renseignement, ancien du cabinet de Charles Pasqua ministre de l’intérieur, chargé de mission par J Chirac, a joué un rôle de médiateur dans :
la prise d’otages français au Liban, de deux pilotes en Bosnie, le détournement d’Air Alger, l’affaire des moines de Tibérine.