Actualités Démocrates d’Europe du 28 mars 2016.
Manuel Valls,
Jean-Claude Juncker
sur une même ligne sécuritaire
Au lendemain des attentats terroristes de Bruxelles, le Premier ministre français, Manuel Valls s’est rendu dans la capitale européenne pour aborder les sujets brûlants de l’UE. La visite, programmée de longue date, a aussi été l’occasion de témoigner solidarité et soutien au peuple belge, aux victimes et à leurs familles. «Nous connaissons cette douleur et savons à quel point les mots et les gestes aident à faire face. Je voulais être présent pour montrer l’amitié que porte le peuple français au peuple belge.»
Pacte européen de la sécurité
«En s’en prenant à Bruxelles, les terroristes s’en sont pris à toute l’Europe et à ses valeurs. Nous sommes en guerre et notre détermination doit être totale», a déclaré le Premier ministre aux côté de J-C Juncker.
«Dans les années qui viennent les États membres devront investir massivement dans leurs systèmes de sécurité. La Commission a bien compris qu’il fallait avancer vite, et que la survie de Schengen était en jeu». Si le projet européen s’essouffle et que le populisme progresse, c’est que, bien souvent, les mots ne sont pas traduits en actes.»
M. Valls a appelé à une Union forte, pour faire face à la menace du terrorisme, à la crise des réfugiés, à la crise agricole, et au défi de la croissance et de l’emploi.
Pour J-C Juncker, la collaboration entre les services secrets des États membres est de plus en plus indispensable. «Nous avons déjà lancé cet appel en 1999, puis en 2001 lors des événements de New-York, mais cela ne s’est jamais fait pour des raisons qui m’échappent, alors que c’est une évidence.
Responsabilité du Conseil
J-C Juncker a quant à lui appelé le Conseil de l’UE à prendre ses responsabilités. Union de l’énergie, union économique et monétaire, union des marchés des capitaux, les grands projets de l’UE sont nombreux, mais il faut avant tout se concentrer sur l’Union de la sécurité. «Tous les éléments constitutifs ont été proposés par la Commission et je voudrais que le Conseil des ministres adoptent ces propositions et la directive sur le commerce des armes sans subir l’influence des lobbies».
Interrogé sur l’aveuglement et l’inaction de l’UE face à la montée du terrorisme, il a répondu que la Commission abordait ce problème depuis des années, mais que les États membres ne suivaient pas : «La Commission a fait des propositions fortes, et je continue à croire que si tous les gouvernements les avaient suivies, on ne serait pas dans cette situation aujourd’hui. Nous avons fait des propositions en matière de ventes d’armes, que les gouvernements adoptent cette proposition. En décembre, nous avons présenté des propositions ambitieuses sur la protection des frontières extérieures et des côtes, que le Conseil suive les propositions détaillées et précises de la Commission».
PNR : le Parlement européen a les cartes en main
L’ancien Premier ministre luxembourgeois et le Premier ministre français ont tous deux insisté sur la nécessité de mettre en œuvre ce qui a été décidé, c’est-à-dire «la directive sur les armes, le contrôle aux frontières, tout le travail sur la lutte contre la fraude documentaire (beaucoup de passeports syriens circulent, volés par Daech) et surtout le PNR, qui est un outil et un symbole. Le PNR est un outil indispensable, qui aurait pu permettre d’interpeller plus d’individus s’il avait existé, et qui est protecteur de liberté et utile dans la lutte contre le terrorisme. C’est aussi un symbole, car le Parlement doit montrer pleinement son engagement dans la lutte contre le terrorisme».
«Ça ne fait pas quelques jours ou quelques semaines que l’on parle de la directive PNR, on en parlait déjà en 2012», a insisté Manuel Valls. Et Jean-Claude Juncker d’ajouter : «je crois qu’il y a une forme d’insouciance qui varie suivant les époques. Si des événements graves se produisent, on fait comme si on prenait conscience du problème maintenant, alors qu’on aurait dû le faire bien avant que les tragédies se produisent».
Devoir de vie
Lors des attentats du 13 novembre à Paris, les terroristes ont ciblé la jeunesse, qui doit désormais apprendre à vivre avec cette menace. Manuel Valls a rappelé qu’il était élu d’Évry, ville où la moyenne d’âge est de 25 ans. «Il y a un an, je m’étais exprimé devant des lycéens et je leur avais dit que leur génération allait devoir vivre avec cela. Ce n’était pas pour leur faire peur, mais pour leur rappeler ce devoir de vie. Vivre oui, mais en intégrant cette menace terroriste. À cette jeunesse je lui dis d’être lucide, et que la plus belle des réponses à cette idéologie de mort est la vie, l’appétit de vivre, le rassemblement autour des valeurs, qui sont les nôtres, comme celle de la tolérance».
Source : Marion Candau | EurActiv.fr Manuel Valls et Jean-Claude Juncker, conférence de presse du 23 mars. Commission européenne.
Face à la barbarie, il n’y a qu’une réponse: une Europe solidaire et déterminée.
Hier, à Bruxelles c’est l’Europe qui a été touchée en son coeur. Une fois de plus, ces attentats barbares ont fait de très nombreuses victimes.
C’est d’abord à ces victimes que je veux penser, à elles, à leurs familles, à leurs proches. Je veux dire ici toute notre compassion à l’égard de tous ceux qui sont touchés, et toute notre solidarité avec le peuple belge.
Ce qui s’est passé nous rappelle cruellement, si besoin était, que la menace n’a jamais cessé, qu’elle est toujours là, qu’il va falloir apprendre à vivre avec. Les temps dans lesquels nous sommes exigent que nous soyons à la hauteur.
Ils exigent une détermination et une volonté à toute épreuve des responsables publics. Plus que jamais, l’unité de l’Europe est requise..
Nous ne ferons face à la menace qu’ensemble. Il n’y a pas d’autre chemin que celui-là.
La coopération entre États européens est absolument vitale en matière de sécurité intérieure. L’échange en temps réel d’informations, la collaboration entre nos services de renseignements, le renforcement d’Europol, la transmission au fichier central européen de la liste de toutes les personnes suspectées de terrorisme, la mise en place d’un fichier européen des combattants étrangers, la mise en œuvre d’un vrai PNR européen, la surveillance et le contrôle de nos frontières extérieures, sont autant de mesures de nature à optimiser notre réponse en terme de sécurité intérieure.
En termes de sécurité extérieure, nous savons combien il est urgent de faire émerger une défense commune européenne, avec ceux des pays européens volontaires pour démultiplier notre capacité à agir sur les terrains d’opérations extérieures.
Mais nous savons tous qu’il est au moins aussi urgent et essentiel d’exprimer une volonté commune en matière de politique étrangère, de travailler inlassablement à créer les conditions d’une solution politique, d’un plan de paix crédible en Syrie, pour stabiliser le pays, et donc isoler, éradiquer, le fanatisme totalitaire qui ne prospère que sur le chaos.Face à la barbarie, il n’y a qu’une réponse. Nous serons forts, car nous serons unis et solidaires.
Aujourd’hui, nous sommes tous Bruxellois.