Actualités Démocrates d’Europe du 13 juillet 2015.
ASILE :
LA COMMISSION IMPOSE L’IDÉE D’UNE RÉPARTITION OBLIGATOIRE DES DEMANDES…
Extraits du blog de Jean Quatremer :
Jean-Claude Juncker est en passe de réussir un joli coup : sa proposition d’une répartition automatique entre les États membres des demandeurs d’asile affluant sur le territoire de l’Union va sans doute voir le jour.
Même si les gouvernements, français en particulier, se sont étranglés en la découvrant, le 13 mai, personne n’a osé la rejeter en bloc, en dehors de la Hongrie de Viktor Orban. Certes, chacun veut rediscuter de la «clef de répartition», mais l’idée d’une «relocalisation obligatoire» est bel et bien actée, comme on le note avec satisfaction dans l’entourage du président de la Commission.
Verser des larmes à chaque naufrage en Méditerranée et laisser l’Italie et la Grèce se débrouiller seules, en croisant les doigts pour que ces dizaines de milliers de réfugiés ne viennent pas chez eux, telle était l’attitude des pays européens jusque-là. C’est avec ce «benign neglect» (douce négligence) qu’a voulu rompre Juncker en proposant que chaque État assume une partie du traitement des demandes d’asile en cas d’afflux brutal, ce qui est le cas actuellement. Il ne s’agit pas de les obliger à accorder l’asile, ce qui reste encore une prérogative nationale, mais de les contraindre à examiner un certain nombre de demandes après un premier tri rapide effectué dans les pays d’arrivée destiné à écarter les migrants économiques. Un mécanisme d’urgence qui ne s’appliquerait, comme l’a précisé le 27 mai la Commission, qu’à deux nationalités, les Syriens et les Erythréens, soit 40.000 personnes en tout (26 000 transférés d’Italie et 14 000 de Grèce) à répartir dans un espace comptant 500 millions de personnes.
Ce «minimum de solidarité», pour citer D. Avramopoulos, le commissaire chargé de l’immigration, se ferait selon une «clef de répartition» calculée selon trois critères : PIB (40 %), population (40 %), taux de chômage (10 %) et nombre de demandes d’asile déjà enregistrées (10 %). Ainsi, l’Allemagne devrait accueillir 21,91 % des 40.000 demandeurs d’asile syriens et érythréens, soit 8763 personnes, la France 16,88 %, soit 6752 personnes, l’Espagne, 10,72 %, soit 4288 personnes, la Pologne 6,65 %, soit 3310, etc. Les demandeurs qui n’obtiendraient pas l’asile devront être reconduits à la frontière.
La Commission se dit prête à «discuter avec les États membres des modalités de mise en œuvre des mécanismes pour assurer une juste distribution des demandeurs d’asile dans l’Union européenne», en particulier, à tenir compte des «visas humanitaires» accordés par l’Allemagne à 90.000 Syriens à la demande de l’ONU…
En dépit de l’urgence, il est douteux que les États membres parviennent à se mettre d’accord avant le mois de juillet. Mais, la Grande-Bretagne, l’Irlande et le Danemark étant en dehors de la politique commune d’immigration, il ne fait guère de doute qu’elle sera finalement adoptée à la majorité qualifiée du Conseil des ministres de l’Union. Pour l’instant, même si les pays d’Europe centrale et orientale ne sont pas chauds, seule Budapest a annoncé son intention de voter contre au nom de la défense de sa souveraineté. Alors même qu’elle profiterait d’un tel système : en effet, le nombre de demandes d’asile est passé entre 2012 et 2014 de 2155 à 42 775. Avec le système proposé par la Commission elle ne devrait en accueillir que 827, le reste des demandeurs étant réparti entre les autres États. Les voies du souverainisme sont impénétrables…
En revanche, la répartition des 20.000 réfugiés syriens bénéficiant déjà d’une protection internationale, mais se trouvant hors de l’Union se ferait sur une base volontaire, puisqu’il n’existe aucun article dans les traités européens permettant de contraindre un pays à accorder le séjour à un étranger, même réfugié statutaire. En clair, les égoïsmes nationaux vont pouvoir se donner libre cours…
La vision de Marielle de Sarnez, Députée Européenne : Il faut que tous les pays européens, dans un délai de six mois, puissent donner une réponse favorable ou défavorable à un demandeur d’asile »
Extraits du « brunch politique » Sud Radio 21 JUIN 2015
Le Haut Commissariat aux réfugiés nous a annoncé des chiffres, qui sont grosso modo des chiffres jamais atteints. Il y a dans le monde 60 millions de personnes déracinées, qui n’habitent plus là où ils habitaient à la suite de crises, de guerres, de conflits et puis, évidemment, la question de l’extrême-pauvreté. Un deuxième chiffre qui est intéressant est que 80 % de ces 60 millions viennent de 10 pays dans lesquels il y a une déstabilisation et des guerres : Syrie, Irak, Yemen, évidemment Libye, Mali, République Démocratique du Congo… Tant que la communauté internationale, en particulier les pays riches, ne prendront pas la mesure de cela, on n’arrivera pas à essayer de régler la question. C’est une question mondiale avant d’être une question simplement – par ailleurs qui nous concerne – européenne.
S’il n’y avait plus les inégalités d’aujourd’hui dans le monde, il n’y aurait pas autant de demandes de réfugiés. S’il n’y avait pas les guerres, auxquelles parfois, l’Occident a contribué… Je parle de la Libye, je pourrais parler des Américains en Irak avec Bush…
Je rends tous les jours hommage à Jacques Chirac qui au nom de la France a été un des seuls au moment à le dire en Europe. Les pays riches doivent aider le Haut Commissariat aux réfugiés qui, aujourd’hui, ne peut plus gérer.
Ce n’est pas les passeurs qui créent l’immigration, c’est la très grande pauvreté, les conflits, les guerres. Je pense par exemple aux Érythréens. Cela ne veut pas dire qu’il faut que l’Europe accueille tout le monde, ! cela veut dire qu’il faut penser en terme global !
Il faut financer tous ces camps du HCR avec ces 60 millions aujourd’hui de déplacés, de réfugiés potentiels. Il faut mettre le paquet sur la lutte contre les inégalités et contre la pauvreté dans le monde.
Les dotations financières en faveur du développement, ont tendance à baisser parce que chacun a ses difficultés… C’est une erreur ! Il faut les maintenir et faire en sorte que cette politique du développement soit plus efficace qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Il faut que toutes les puissances occidentales fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour faire cesser les conflits et ensuite il faut que l’on gère évidemment les demandes et les afflux de demandes vers l’Europe.
Je prêche depuis longtemps pour qu’il y ait un corps de garde-côtes européen, autour de l’Europe. L’Europe c’est quoi ? C’est qui ? Ce sont les chefs d’État et de gouvernement.
L’UE a dépensé 11,3 milliards depuis 2000 pour renvoyer les migrants illégaux et 1,6 milliard pour assurer la protection des frontières de l’Europe et elle dépense 90 millions par an pour Frontex. : ce n’est rien du tout !
Il faut que l’on réfléchisse globalement et qu’on réforme ce que l’on appelle le droit d’asile : quelqu’un qui le demande aujourd’hui en France, va attendre parfois jusqu’à 5 ans sur le territoire avant d’avoir une réponse ! Contre 6 mois dans les pays scandinaves.
Il faut réformer ce qu’on appelle la convention de Dublin. Pas d’augmenter le nombre de réfugiés que l’Europe prend, mais les répartir de façon plus équitable : 80 % des migrants sont reçus aujourd’hui dans 5 pays de l’U.E. Et ne serait-ce pas plus simple que les Syriens, plutôt que de donner 10 000 $ à des passeurs, de risquer la vie de leur famille et d’eux-mêmes, puissent simplement demander le droit d’asile dans le camp de déplacés du Haut Commissariat aux Réfugiés ou dans les consulats des pays voisins… Aujourd’hui on ne peut pas le demander sans mettre le pied sur le territoire européen et c’est là qu’ il y a quelque chose qui ne va pas.
Intégralité de l’interview : http://www.mouvementdemocrate.fr/article/il-faut-que-dans-tous-les-pays-europeens-dans-un-delai-de-six-mois-on-puisse-donner-une-reponse-favorable-ou-defavorable-a-une-demande-de-droit-dasile
dernière minute !
shttp://www.euractiv.fr/sections/justice-affaires-interieures/le-conseil-europeen-va-t-il-claquer-la-porte-aux-migrants
sources : «Les coulisses de Bruxelles» blog de J Quattremer
; euractiv.fr ;
www.mouvementdemocrate.fr