Actualités Démocrates d’Europe du 13 avril 2015.
Tunisie : des paroles aux actes
De ce mois de mars qui s’achève, je veux retenir l’attentat meurtrier, aveugle, au musée du Bardo de Tunis. Un acte effroyable qui a tué des femmes et des hommes sans distinction d’origine, de religion, venus tout simplement admirer des œuvres d’art, de tous les siècles, de toutes les cultures et civilisations, qui ont façonné la Tunisie d’aujourd’hui. Un acte de barbarie contre les valeurs tunisiennes, l’ouverture, la tolérance, l’amour de la culture, et bien sûr, contre la démocratie.
Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Ce que les terroristes ont cherché à faire vaciller, c’est un pays en train de réussir sa transition démocratique, c’est une société civile entreprenante et moderne, c’est une justice consolidée, ce sont des médias émancipés, c’est une Constitution protectrice de droits et de libertés, ce sont des élections libres, et c’est un gouvernement de large union. C’est tout cela que les terroristes ont voulu, en vain, faire vaciller.
Dimanche dernier, dans les rues de Tunis, les Tunisiens, toutes générations confondues, se sont rassemblés pour dire non au terrorisme, à l’intolérance, et à l’ignorance. Aujourd’hui, malgré ses fragilités, et malgré les menaces, la démocratie tunisienne est bien vivace, et le chemin parcouru ces derniers mois par les Tunisiens est exemplaire.
Les Tunisiens ont commencé de faire, et continueront de faire, leur part du travail. Mais nous, France, Europe, nous n’avons pas été à la hauteur des enjeux. Nous n’avons pas été présents, engagés, comme nous aurions du l’être. Il est plus que temps que l’Europe regarde vers son sud. Les défis sont immenses.
D’abord, le développement économique pour lutter contre la pauvreté et le chômage qui sont les terreaux de la propagande et de l’embrigadement pour les terroristes radicaux. Nous devons consolider notre partenariat avec la Tunisie, soutenir son économie, et les investissements de long terme dont elle a besoin. Nous devons tenir les engagements qui avaient été pris par le G8 à Deauville en mai 2011*, et qui ne sont toujours pas respectés. Enfin, nous devons aider la Tunisie à faire face à l’impact de l’attentat du Bardo sur le tourisme, et valoriser, auprès des Européens, tous les atouts touristiques de la Tunisie qui sont si nombreux. Autant de gestes concrets de solidarité qui sont attendus par le peuple tunisien.
Autre défi majeur, la sécurité. La Tunisie partage 450 kilomètres de frontières avec la Lybie qui est aujourd’hui en proie au plus grand désordre et vit sous la menace de Daesh. On estime à 3000 le nombre de Tunisiens partis faire le jihad. L’urgence est au renforcement de la coopération en matière de renseignement et de sécurisation des frontières. Dans ce cadre, la visite conjointe du président du Conseil européen, Donald Tusk, de la vice-présidente de la Commission, Federica Mogherini et de Gilles de Kerchove, coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme, est un signal important de l’attention et de la solidarité que l’Europe doit manifester à la Tunisie**.
Les dirigeants européens ne cessent d’assurer la Tunisie de leur soutien et de leur solidarité***. Maintenant, il convient qu’ils passent enfin des paroles aux actes. En Tunisie, le temps presse.
Extrait de la lettre n° 50
En complément de cet appel LIRE :
* http://www.euractiv.fr/institutions/interview/didier-billion-tunisie-besoin-europe-301.html
**https://www.facebook.com/pages/Union-européenne-en-Tunisie/109247519093298
***http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/tunisie/l-union-europeenne-et-la-tunisie/
Sources : Euractiv.fr