Tout peuple qui s’endort en liberté, se réveillera en servitude. (Alain).
Le 27 juin 2012, je dénonçais sur ce même blog les conséquences de la création en 2002 d’une UMP, dont le seul objectif était de faire échec, -prétendument-, à la poussée du Front National arrivé au deuxième tour de la présidentielle. On voit ce qu’il en est aujourd’hui…
Parce qu’ à choix unique, pensée unique.
Par choix unique, j’entends le choix de l’UMP et le PS qui se sont arrogés, grâce à la Constitution de la Vème République, le droit de prendre le pouvoir, par alternance tous les cinq ou dix ans, sans faire les efforts nécessaires à une modernisation du système et de la vie politique françaises, puisqu’ils savaient que leur tour viendrait de façon automatique.
Depuis sa défaite de 2012, Nicolas Sarkozy agit comme une ombre portée sur l’UMP, figeant cette dernière dans l’attente d’un hypothétique retour.
Cette situation n’a pas permis à ce parti de se renouveler, de se régénérer, d’être force de propositions, de constructions, en un mot d’influer sur la vie politique française en sa qualité de première force d’opposition.
Pour ce parti qui depuis douze ans n’a toujours pas réussi à faire la synthèse entre « bonapartistes » et « démocrates » il y aura eu un avant et un après 17:00 h du lundi 26 mai 2014 : heure de la conférence de presse de l’avocat de la société Bygmalion et la révélation des turpitudes financières de la campagne électorale 2012 de Nicolas Sarkozy.
Depuis que Jean-François Copé s’était déclaré président de l’UMP, ce ne fût que déliquescence et règlements de comptes. Dans ce parti écartelé entre le vertige de la droite extrême et la tentation du centre, le courage politique aurait dû être de passer d’un appareil électoral à un parti en mouvement, autorisant le débat, la controverse et la confrontation d’idées.
Avec 14% des voix, même si ce score doit être relativisé en raison du taux de l’abstention, le PS n’existe plus en tant que parti de gouvernement, ballotté qu’il est entre sa gauche et son centre, entre son discours à Paris et son discours à Bruxelles. À ce titre, Il était pathétique de voir et d’entendre l’allocution du Président François Hollande du 26 mai. Il faisait l’effet d’un hologramme au milieu d’un champs de mines.
Le PS n’est plus un parti social, il est démocrate-social et Manuel Vals a raison de dire qu’il faut changer son nom. Il ne peut plus, s’il a déjà pu par le passé, se prévaloir d’un référentiel ouvrier quand 60% des adhérents aux syndicats F.O. et SUD, n’hésitent plus à dire qu’ils ont voté FN aux élections européennes de dimanche dernier, tandis que les adhérents CGT votaient pour le Front de Gauche.
La France est un champ de ruines, sur lesquelles les charlatans populistes s’appuient pour affirmer haut et fort qu’il suffirait de siffler la fin
de la récréation européenne et que chacun rentre dans sa classe nationale, pour faire disparaître les difficultés. Ben voyons !!!
L’embryon de programme économique du FN, est un programme de gauche nationaliste (nationalisations, protectionnisme etc..), qui n’est et ne sera en aucun cas supportable dans le cadre de la mondialisation que nous subissons et qui est une réalité, que l’on s’en accommode ou non !
Et pour faire face à cette mondialisation, ce n’est qu’unis au plan national et au plan européen que nous pourrons relever le défi.
Le FN et l’ UKIP, n’ont rien à faire de l’Europe ! Pour eux, il s’agit seulement d’accéder à une tribune que lesrègles constitutionnelles de leur pays ne leur permet pas d’atteindre aujourd’hui. Si les uns comme les autres avaient eu dans leur assemblée nationale un nombre de députés correspondant à leurs poids respectifs, il y a fort à parier que le résultat des élections européennes eût été différent.
C’est là que nous touchons aux limites de la Constitution de la Vème République, qui n’a pas su, ou pas voulu, se réformer. En 2014, on ne gouverne plus à coups de 49-3 et d’ordonnances, comme dans les années 70 et 80.
Mais pour cela encore faut-il pouvoir rejeter les « majorités uniques » et pouvoir mettre en place des majorités d’idées réactives et adaptées au monde dans lequel nous vivons :
un monde dans lequel une décision prise à Chicago a, en quelques secondes, des répercussions à Tokyo, Beijing et Paris ; un monde dans lequel une information partie de New-York
entraîne en quelques millisecondes des réactions à Brasilia, Berlin ou New-Delhi…
Et François Bayrou a raison (depuis longtemps déjà…) lorsqu’il dit que nos institutions doivent être revisitées, pour permettre une représentativité de l’échiquier politique français, pour moraliser la vie politique française, et parce que :
«on assiste à une décomposition absolue du système politique français et qu’une telle décomposition ne peut pas se permettre d’attendre trois ans sans réagir».
Jean-Yves Tréguer
Posté sur le blog par MoDem Morbihan, dimanche 01 juin 2014 || Catégorie(s) : Nos Ecrits