Le Centre , c’est qui et quoi aujourd’hui.
Après l’élection présidentielle et les deux tours des élections législatives que nous venons de vivre, définir ce qu’est le centre aujourd’hui, ou ce qu’il en reste, peut faire l’effet d’une gageure, et pourtant…
A Toulouse en 2002, l’UDF, à l’initiative de Jean-Pierre Raffarin et de Philippe Douste-Blazy, s’est en partie sabordée au profit de l’UMP. François Bayrou s’est opposé à cette fusion, y voyant les prémices d’une main mise de l’appareil RPR sur l’UMP. La fin du sabordage interviendra durant l’entre deux tours de l’élection présidentielle de 2007, à l’initiative de Hervé Morin, pour rallier Nicolas Sarkozy. Resté seul, en tant que figure nationale, François Bayrou sur la dynamique de ses 18% de voix au premier tour de l’élection présidentielle de 2007, créa le MoDem, avec pour objectif d’en faire le parti central de la vie politique française, qui pour être équilibré devait à la fois reposer sur un centre droit et un centre gauche.
Cet équilibre aurait pu être pérenne si nous avions eu, ou conservé, des élus. Malheureusement, le centre gauche n’était composé que de militants, et les élus de centre droit avaient pour la plupart rejoint l’UMP, ou ses satellites, le Nouveau Centre et le Parti Radical. Les échecs électoraux des européennes et des régionales de 2009 et de 2010, n’ont fait qu’accentuer le phénomène, et le MoDem est devenu une « écurie » présidentielle, en lieu et place d’un parti politique implanté sur les territoires.
Le 5 mai 2012, « l’écurie » présidentielle s’est elle-même sabordée, par la prise de position de François Bayrou lequel avait, sans doute humainement raison, mais sûrement politiquement tort.
Le MoDem se retrouve aujourd’hui avec deux députés à l’Assemblée Nationale en ayant perdu son chef historique. La nature ayant horreur du vide, Jean-Louis Borloo s’est précipité pour « reprendre le flambeau » (dit-il) qu’il avait quelque peut aider à tomber. Dont acte, si la méthode me gêne il faut regarder vers le futur et voir comment le MoDem peut trouver sa place au sein, dans un premier temps, de l’UDI (Union des Démocrates et Indépendants), groupe parlementaire qui vient de se constituer à l’Assemblée Nationale, et auquel, toute honte bue, Hervé Morin, après avoir déclaré « au sein de l’UMP, le RPR a toujours gardé les leviers de commande », s’est rallié.
Dans un second temps, si nous voulons que le Centre existe, nous devrons nous attacher à travailler à la transformation de ce groupe parlementaire en un parti politique, dans lequel nos valeurs devront être prises en compte, et à même de peser sur la politique en France et sur nos territoires.
Sur le territoire du Morbihan, là où la droite et le centre avaient en 2002 (création de l’UMP) deux sénateurs sur trois et cinq députés sur six, dix ans après la création de l’UMP reste un député et aucun sénateur !!
Le bilan pour l’UMP est tout aussi ravageur. En 2002 elle n’avait qu’un sénateur et un député. L’OPA inamicale sur l’UDF d’alors, lui laissait croire que son opération avait été bénéfique. L’alchimie n’a pas jouée, et dix ans plus tard les électeurs ne se sont pas retrouvés dans cette transformation de leurs élus UDF en UMP. Résultat, zéro député UMP, zéro sénateur UMP. Le seul député élu est issu de la tradition modérée du Morbihan et non pas du camp droitisant de l’UMP.
Ne cherchons pas l’erreur, nos divisions centristes en sont la cause. A notre petite échelle, lors des dernières élections législatives, non seulement nous n’avons pas su nous mettre d’accord pour une candidature centriste unique, mais au sein d’un même parti nous avons même été capable de mettre en évidence nos dissonances.
Pour préparer le futur il nous faut donc ,dès aujourd’hui, nous mettre au travail, avec le Parti Radical, le Nouveau Centre, l’Alliance Centriste, pour rassembler la famille centriste et humaniste. Ce n’est qu’à cette condition que nous serons suffisamment forts pour pouvoir peser dans des alliances lors des scrutins électoraux à venir.
Jean-Yves Tréguer
21 juin 2012