A vos rythmes !
En ce premier trimestre de l’année scolaire 2013-14, la mise en place des rythmes scolaires mobilise les membres des communautés éducatives (enseignants, parents, associations de parents d’élèves, organismes de gestion…), les élus, les présidents d’associations culturelles et sportives, ainsi que les centres sociaux et centres aérés. Dans mon propre établissement (école de 4 classes en milieu rural), les rencontres se multiplient pour préparer les nouveaux rythmes.
Monsieur Peillon, Ministre de l’Éducation, a pensé la réforme à partir des constats suivants :
– La journée de classe des écoliers français est bien plus longue que celles des autres enfants européens
– Le nombre de jours de classe à l’année est le plus faible des pays européens,
– La semaine de classe est plus courte que dans la plupart des pays européens.
Ces trois facteurs contribuent à fragiliser les apprentissages des élèves. Nous demandons à nos élèves un temps d’attention et de concentration probablement trop intense par rapport à leurs capacités. Ceux qui en souffrent le plus sont les élèves les plus fragiles, ceux qui ont besoin de temps pour acquérir les compétences des différentes disciplines : lecture, production d’écrits, mathématiques…
Les objectifs du Ministre de l’Éducation sont les suivantes :
– Mieux apprendre et favoriser la réussite scolaire de tous
– Permettre d’accéder à des activités sportives, artistiques et culturelles pour contribuer à développer la curiosité intellectuelle et renforcer le plaisir d’apprendre et d’être à l’école.
Le projet est intéressant et place l’élève au cœur de la réflexion à mener. Pour la première fois, un projet va tenir compte des études des chrono biologistes. Celles-ci ont clairement identifié les moments de la journée propices aux apprentissages. Pour la première fois, un projet propose le sport et la culture pour tous, en dehors du temps scolaire. Jusqu’à présent, cela était laissé à l’initiative des familles ; les enfant issus de milieux défavorisés en bénéficiaient probablement peu. Malheureusement, il semble que ce projet se soit mis en place de manière précipitée, sans concertation avec les membres des communautés éducatives. Aujourd’hui, dans mon établissement, nous travaillons sur un programme auquel nul ne semble adhérer. Les élus s’inquiètent de leurs capacités de financement. Les parents redoutent la fatigue engendrée par la matinée de classe supplémentaire du mercredi. Ils s’interrogent sur le coût des activités périscolaires et sur une possible « re-facturation ». La réforme est profitable aux élèves dont les parents pourront les récupérer vers 15H30 ou 16H. Les autres auront des journées aussi longues qu’avant, avec des temps de garderie pouvant aller de 15H30 ou 16H jusqu’à 18H30-19H. En effet, selon les communes, les élèves n’auront pas d’activités périscolaires chaque soir de la semaine. Enfin, un tel projet modifie profondément la vie des familles, et par extension, celle de la société entière. Il est essentiel de prendre le temps d’y réfléchir ensemble et d’en mesurer l’impact humain, social et financier. Dans un avenir proche, les générations montantes auront bien des défis à relever et notre système éducatif n’est qu’un outil pour les y préparer.
Gaëlle PROUVOST