En 1995, V. Poutine initialisa la stratégie de Gazprom avec les projets North Stream (voir note 1) et South Stream (voir note 2 ), pour faire pièce au projet américain Nabucco, soutenu par l’Union Européenne. Projet qui avait pour objectif le transfert du gaz de la mer Noire et de l’Azerbaïdjan vers l’Europe.
Depuis, les études géologiques auraient démontré que le bassin méditerranéen oriental renfermerait les plus grandes réserves de gaz au monde (et c’est dans la
Zone d’Exclusion Économique de la Syrie et du Liban que se situeraient les plus importantes). Ceci fut démontré lorsque Israël a commencé en 2009, l’extraction de gaz et de pétrole sur sa ZEE. La Syrie deviendrait ainsi le principal centre de stockage, et dans le futur, de production de gaz. Ceci veut également dire qu’au 21ème siècle, qui contrôlera la Syrie contrôlera le proche et le Moyen-Orient.
Si j’ai commencé cet édito par une citation de Sartre, c’est que je trouve qu’elle sied bien au contexte syrien.
D’un côté, nous avons : l’Arabie Saoudite, assise sur ses monstrueuses réserves de pétro-dollars et qui tient à contrôler le futur gaz syrien, en installant les Sunnites au pouvoir. Mais nous avons aussi le Qatar (le PSG c’est l’argent de poche du neveu du Prince…) dont la fortune est assise sur son gaz et tient à contrôler tout concurrent potentiel et a un intérêt convergent « sunnite » avec l’Arabie.
La Turquie qui, dans une telle optique se verrait bien devenir le noeud gazier mondial.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui s’invitent dès qu’une odeur de gaz et/ou de pétrole pointe son nez. La France, qui du temps du Général de Gaulle, considérait le bassin oriental de la méditerranée comme son « pré carré » et qui voudrait bien qu’il le redevienne….
En face :
les Russes qui ont compris que leur seule issue pour rester une grande puissance était d’être « énergétiquement forts » et, par voie de conséquence, d’essayer de contrôler le maximum des ressources énergétiques et principalement gazières dont l’Europe à besoin. Les Chinois qui eux, ont besoin de contrôler leurs approvisionnements pour faire face aux défis économiques de leur milliard et demi d’habitants.
Au milieu les Syriens, et je pourrai ajouter les Libanais qui en seront les victimes collatérales.
Alors, faut-il bombarder Damas et la Syrie ?
Au vu de ce que j’évoquais plus haut, pourquoi ? Pourquoi faire le jeu des « déjà riches » ? Au nom de la morale me répondrez vous. Oui, je vous l’accorde, mais alors, ayons la pudeur d’attendre le résultat des investigations demandées aux experts de l’ ONU, et dès lors qu’il y aura eu confirmation de l’utilisation d’armes chimiques par les troupes de Bachar-El-Assad, alors seulement il faudra apporter une réponse adéquate. ( voir la note 3 ci-dessous)
Les armes occidentales sont suffisamment précises pour frapper le dispositif syrien de façon limitée (aéroports, casernes dépôts de munition …..), pour rappeler à Bachar-El Hassad qu’il est et restera dans
le collimateur !!
Mais ne soyons pas non plus naïfs, il est plus que probable qu’au lendemain des premières frappes occidentales, les réseaux sociaux du monde entier nous fourniront des images plus atroces les unes que les
autres sur les massacres causés par les frappes occidentales, que se verront obligés de relayer les médias occidentaux…
Jean-Yves Tréguer
Note 1 : Le projet North Stream relie directement la Russie à l’Allemagne par la mer baltique.
Note 2 : le projet South Stream commence en Russie et arrive en Bulgarie via la mer Noire. De là se divise en deux parties, Grèce et sud de l’Italie d’une part, Hongrie et Autriche d’autre part.
Note 3
au moment de publier cet édito, deux faits démocratiques sont venus prendre leur place : la lettre ouverte de François Bayrou au Président de la République que vous pouvez retrouver dans la rubrique Actualités Démocrates d’Ailleurs , Voir et Revoir, ci -dessous, ainsi que la décision du Président Obama de demander son avis au Congrès avant de lancer les frappes. Tout ceci, intervenant après la leçon de démocratie que nous avait donné la Grande-Bretagne jeudi dernier.