Antoine SFEIR
Antoine SFEIR est parti….
Il y a une semaine Antoine SFEIR nous quittait, succombant au cancer qui le minait depuis plusieurs années.
Jusqu’au bout de son épreuve, il n’aura rien voulu céder à la maladie, ni changer ses habitudes, continuant à fumer ses « Gitanes » comme si rien ne devait l’atteindre.
La dernière fois que j’ai rencontré Antoine, c’était début juin dernier à Paris. M’informant, comme on le fait avec un ami, de l’évolution de sa santé, il évacua le sujet en deux minutes, pour échanger nos points de vue sur la situation aux Proche et Moyen-Orient.
Guidel 2014
« Antoine SFEIR était un passeur entre deux mondes, l’Orient et l’Occident »,a réagi François Bayrou à l’annonce de son décès.
Nous nous souvenons tous de ses interventions aux Universités de Rentrée du MoDem à Guidel où, avec pédagogie, il disséquait, expliquait et analysait les grands défis engendrés par les conflits moyen-orientaux, qu’ils soient militaires ou religieux. Interventions – qui toujours- se terminaient en « standing ovation ».
Nous nous souvenons tous de cette soirée du 20 octobre 2009 à Vannes où, ayant raté son train pour une question de correspondance, il prit un taxi pour faire Paris Vannes, afin d’honorer, même avec deux heures de retard, la conférence qu’il s’était engagé à donner.
Avec une précision chirurgicale, « tempêtant » contre les décisions du président Trump, il analysait la situation dans chaque pays, de l’Iran à l’Arabie Saoudite, en passant par la Syrie, Israël et son cher Liban. N’hésitant pas à poser un diagnostic critique sur certaines erreurs de la diplomatie française dans cette région du monde.
En poste à Téhéran, je me souviens qu’au détour d’une conversation, j’annonçais à l’ambassadeur de France, la présence d’Antoine SFEIR en Iran, accompagnant des touristes français. Immédiatement Monsieur l’Ambassadeur me demanda, s’il accepterait d’improviser une conférence pour les Français résidant à Téhéran. Ce qu’Antoine accepta.
Il était comme ça Antoine, toujours chaleureux, parfois bougon, mais toujours prêt à transmettre et à convaincre, vous donnant, au sortir d’une conférence ou d’un entretien, l’impression, parfois confuse, d’être un petit peu plus intelligent !
C’était un humaniste, fait de cet alliage précieux qui se forge au fil des épreuves, comme celle qui l’endura en 1976, lorsqu’il fut enlevé et torturé par des milices palestiniennes, en pleine guerre du Liban. Instantané de sa vie qu’il n’abordait qu’avec une extrême pudeur.
Le politologue, comme l’analyste politique, nous manquera bien sûr, même si depuis quelques temps, l’instantanéité de l’information ayant pris le pas sur l’analyse de fond, il avait pris du recul vis-à-vis des médias.
Le conteur nous manquera aussi. Qui n’a pas assisté à ses conférences peut difficilement se rendre compte de l’emprise qu’il exerçait sur son auditoire.
L’écrivain nous manquera également. De « L’Orient compliqué » à « Islam contre Islam » en passant par « Lettre ouverte aux islamistes », Antoine SFEIR n’avait pas son pareil pour décortiquer et expliquer un problème ou une situation.
Mais surtout, c’est l’homme qui nous manquera le plus.
AU REVOIR ANTOINE.
Jean-Yves TRÉGUER
Délégué Départemental Modem 56