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« DÉRIVES ET DANGERS D’INTERNET ET DES RÉSEAUX SOCIAUX » | Modem 56
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RESEAUX SOCIAUXt
 

« DÉRIVES ET DANGERS D’INTERNET ET DES RÉSEAUX SOCIAUX »

Lisa Berg nous éclaire, à travers la lecture de deux articles de  Carole CADWALLADR, d’ Emma Graham-Harrison et Mark Townsendjournalistes à The Observer et The Guardian, (18/03/2018 ), sur le vote Leave (Brexit) avec le scandale Cambridge Analytica  et le problème des lanceurs d’alerte. 

 

 

 

« J’AI CRÉÉ L’OUTIL DE GUERRE PSYCHOLOGIQUE de  STEVE BANNON» A la rencontre du lanceur d’alerte de la guerre des données.

Enquête sur Cambridge Analytica et ses liens avec la campagne « Leave » (référendum pour le Brexit) et « Team Trump » lors de la présidentielle américaine. Aujourd’hui Christopher WYLIE, 28 ans, parle ouvertement de son rôle dans le détournement de millions de profiles Facebook pour cibler l’électorat américain.(…) C WILLIELorsque je rencontre Christopher WYLIE (1) à Londres en provenance du Canada, il fait incroyablement jeune. Ce canadien a 27 ans (aujourd’hui 28), ce qui colle mal avec tout ce qu’il a déjà accompli. Il pourrait avoir joué un rôle cardinal dans les bouleversements politiques de 2016.» «C’est l’une des personnes les plus brillantes que vous pourrez jamais rencontrer, me raconte un ténor de la politique britannique, qui connait WYLIE depuis qu’il a 20 ans. Parfois c’est une bénédiction, parfois c’est une malédiction.(…) A 24 ans, il a en tête une idée de la synthèse qui mènera à la fondation Cambridge Analytica (CA), compagnie d’analyse de données qui peut se réclamer d’avoir joué un rôle majeur dans la campagne référendaire du Brexit pour le camp du « Leave » (non à l’UE).

Plus tard ce sera une figure-clé en opérations digitales pendant la campagne présidentielle de Donald TRUMP. WYLIE dit (…) qu’il en arrive à concevoir un instrument pour l’américain Steve BANNON (3) afin de faire « perdre la boule » aux gens avec une arme de guerre psychologique. » E

n 2014, BANNON (3) (alors chef de l’exécutif de Breitbart, réseau d’infos internet de « alt-right » (droite « alternative » = extrême droite américaine) devient le dirigeant de WYLIE. Il y a aussi cet autre concitoyen de BANNON, Robert MERCER (4), discret trillionnaire des fonds de couverture (hedge-funds) investisseur dans CA. Le concept que WYLIE leur vend, c’est d’apporter aux grosses bases de données et aux médias sociaux une méthodologie militaire « opérations d’information » puis de les rediriger vers l’électorat américain.L’idée-source est de ce jeune homme. Il en supervisera tout le processus jusqu’au bout. (…)

S BANNONAprès la présidentielle, BANNON est nommé stratège-en-chef à la sécurité de TRUMP. La société mère de CA, SCL, obtient des contrats au Département d’État (Ministère des Affaires Etrangères Américain) et offre ses services au Pentagone (Ministère de la Défense). (…)

«La compagnie a créé le profil psychologique de 230 millions d’Américains» s’exclame WYLIE. «Et après ils veulent travailler avec le Pentagone ? C’est comme Nixon qui boufferait des stéroïdes.»PROFIL FACEBOOKt

WYLIE aligne des documents qui montrent les mécanismes secrets derrière CA. (…) Cette compagnie s’est adressée à Wikileaks pour aider à distribuer les e-mails volés de Hilary CLINTON en 2016. (…) Ainsi CA devient aussi sujette à l’investigation du conseiller spécial Robert MUELLER sur une collusion potentielle de TRUMP Team avec la Russie lors l’élection américaine (encore en cours). Facebook détourné pour devenir un théâtre de guerre se transforme en plateforme de lancement pour ce qui paraît être une attaque hors norme sur le processus démocratique américain.

WYLIE organise la première infraction, âgé de 24 ans, il prépare un doctorat dans la prévision des tendances de mode et conçoit un projet pour récolter les profils Facebook de millions de gens aux USA et utiliser leur informations privées et personnelles afin de créer des profils sophistiqués psychologiques et politiques. Ensuite pour les cibler avec des publicités politiques, afin d’influencer leurs dispositions psychologiques particulières : «On a « cassé » Facebook, dit-il. Et il le fait au nom de son nouveau patron, BANNON. «Serait-il exact de dire que vous avez « piraté » Facebook ?» Je lui demande une nuit. Il hésite, puis : «Je voudrais vous faire remarquer que je partais du principe que c’était entièrement légal et réglo». (…) Pendant notre première conversation téléphonique, il me raconte qu’il possède reçus,  factures, e-mails, courriers d’avocats, archives prouvant comment entre juin et août 2014, les profils de plus de 50 millions d’utilisateurs ont été récoltés.

Le plus accablant de tout c’est qu’il détient une lettre des propres avocats de Facebook admettant que CA ait acquis ces données illégitimement. Rendre une telle affaire publique entraîne un risque énorme. WYLIE brise un accord de non-divulgation, et il peut être poursuivi. Il rompt la confiance de BANNON et de MERCER. Il a fallu une année de hauts et de bas terribles pour amener WYLIE à accepter de faire cette démarche. Une année pendant laquelle CA a été la cible d’investigations des 2 côtés de l’Atlantique : MUELLER aux USA et les enquêtes séparées de la Commission électorale (référendum du Brexit) et le Commissaire d’Information britannique. (…)

Il y a de nombreux points de départ où cette histoire pourrait débuter. L’un d’eux serait en 2012, quand WYLIE a 21 ans et travaille pour les Libéraux Démocrates (parti centriste britannique, dit «Lib Dems») à l’époque parti d’appoint du 1er gouvernement du conservateur CAMERON. (…)

Christopher WYLIE grandit en Colombie Britannique au Canada, adolescent il est diagnostiqué hyper-actif et dyslexique. Il quitte l’école à 16 ans sans aucun diplôme. Pourtant à 17 ans il fait un stage dans le bureau du leader de l’opposition canadienne. A 18 ans il part apprendre tout ce qui peut l’être des bases de données chez le directeur national de targeting (ciblage) d’Obama, qu’il présente ensuite au Parti Libéral canadien. A 19 ans il s’apprend seul à coder, et en 2010, âgé de 20 ans, il arrive à Londres pour étudier à la (prestigieuse) London School of Economics (LSE).

«La politique, c’est comme une mafia. On n’y tourne jamais complètement le dos» dit-il. «J’ai reçu un appel des Lib Dems soucieux d’améliorer leurs bases de données et le ciblage de leurs électeurs. Alors j’ai combiné travailler pour eux avec mes études.» (…)Pendant ce temps au Centre de psychométrie de l’Université de Cambridge, 2 psychologues Michal KOSINSKI et David STILLWELL, recherchent le moyen d’étudier la personnalité – en la quantifiant. (…) Soudain, il existe une possibilité de mesurer les traits de caractère de la population mettant en corrélation scores et « likes » de Facebook de millions de gens. Recherche originale, révolutionnaire et présentant d’évidents potentiels.

«Un membre du centre m’apprend qu’ils avaient mis au point diverses approches pour les services de sécurité», dit WYLIE, «dont une appelée « Vous êtes qui vous likez » (aimez), présentée aux services de renseignements.» (…)

En 2013 lorsque leur premier article majeur a été publié, d’autres ont reconnu ce potentiel –  WYLIE aussi. Il a passé son diplôme et commence un doctorat dans la prévision des évolutions de la mode (à Londres).«Je voulais savoir pourquoi les Lib Dems étaient des nuls sur le plan électoral, alors qu’ils dirigeaient le pays à la fin du XIXe siècle. Voilà un outil pour aider le parti à identifier de nouveaux électeurs potentiels. Le seul problème, c’est qu’ils n’étaient pas intéressés. J’ai fait cette présentation et je leur ai dit qu’ils perdraient la moitié de leurs sièges.

Et ils m’ont répondu : «Pourquoi es-tu si pessimiste ? En fin de compte, ils ont perdu tous leurs sièges sauf huit. Bande de c…»

Un autre Lib Dem introduit WYLIE à une compagnie appelée SCL Group, dont l’une des succursales, SCL Elections, va ensuite fonder CA (entreprise associée avec SCL Election et MERCER comme financeur). A toutes fins utiles SCL et CA sont une seule et même compagnie. Alexander NIX (2), alors PDG de SCL Elections, a fait une offre irrésistible à WYLIE.

«On te donne une liberté totale. Expérimente. Viens tester toutes tes idées les plus folles chez nous.»(…) Son job, c’est directeur de recherche pour tout le groupe SCL, un sous-traitant privé chargé d’opérations de défense et d’élections. Sa branche défense est sous-traitante du Ministère de la Défense britannique ainsi que du Ministère de Défense américain. Son expertise est dans « les opérations psychologiques » ou « psychops », une série de techniques incluant rumeurs, désinformation et fake news (fausses nouvelles).

SCL Elections a utilisé une semblable série d’outils dans plus de 200 élections à travers le monde, essentiellement dans les démocraties sous-développées – dont WYLIE en viendra à se rendre compte qu’elles ne sont pas équipées pour se défendre dans le cyber espace.

A l’automne 2013, il rencontre BANNON. A cette époque, rédacteur-en-chef de Breitbart (site Web d’information extrême droite américaine). WYLIE le fait venir en GB pour soutenir Nigel  FARAGE (2) dans sa mission de faire sortir le Royaume Uni de l’UE.

«(BANNON) est malin, dit WYLIE, intéressant. Avec des idées vraiment intéressantes. Il a tout de suite tout pigé. (…) Il croit en la doctrine d’Andrew BREITBART : que la politique découle de la culture. Pour changer la politique, on a d’abord besoin de changer la culture. (…) Il avait récemment découvert une nouvelle discipline : « opérations d’information », au même niveau d’indexation que terre, mer, air et espace dans la doctrine militaire américaine de « la bataille de l’espace en 5 dimensions. Le SCL Group faisait partie de son domaine d’intérêt. Le gouvernement britannique a rémunéré SCL pour mener des opérations de contre-terrorisme au Moyen-Orient, le Ministère de la Défense américaine les a engagés pour travailler sous contrat en Afghanistan.» (…)

Il s’agit d’un nouveau type de ciblage de messages politiques pour influencer les esprits basés sur la recherche révolutionnaire du Centre de Psychométrie de Cambridge publiée en 2014. Elle aura un effet monstre : « Les jugements de la personnalité basés sur ordinateur sont plus fiables que ceux exécutés par des humains ».

C’est BANNON qui véhiculera ce concept auprès de MERCER et sa fille Rebekah. Ce dernier est PDG du fond de couverture « Renaissance Technologies », employant ses trillions de dollars à poursuivre un agenda d’extrême droite, à des dons aux causes Républicaines (parti de  droite conservatrice américaine soutien de TRUMP aujourd’hui) et au soutien de candidats Républicains.

«En politique, c’est normalement « le richard » qui paie qui est la personne la plus bête dans la pièce, alors que c’est l’inverse avec MERCER, raconte WYLIE. Il est très petit, mais il sait vraiment écouter. Il veut comprendre cette nouvelle science. Et il veut une preuve que ça marche.»Et pour ce faire, WYLIE a besoin de données. Comment CA a pu obtenir ces données sera sujet à vérifications internes à l’Université de Cambridge, à de nombreux articles, à nombre de spéculations et rumeurs.(…) SCL, la compagnie mère de CA, signe un arrangement commercial avec une compagnie « Global Science Research » (GSR) appartenant à un chercheur de l’université de Cambridge, Aleksandr KOGAN (5), au début spécialisé dans la récolte et le traitement de données de Facebook, pour ensuite étudier la correspondance entre une personnalité et les listes électorales. (…)

C’est la conjonction de l’intérêt de BANNON pour la culture en tant qu’arme de guerre et cette méthode qui est l’étincelle originelle du concept intellectuel de WYLIE. Mais ce seront les millions de MERCER qui propageront l’incendie. KOGAN peut dépenser sans compter face au problème de l’acquisition des données personnelles. (…)

Ce que montre la correspondance e-mail entre les employés de CA et KOGAN, c’est qu’il a récolté des millions de profiles en quelques semaines. Pourtant ni WYLIE, ni personne d’autre chez CA ne vérifie si cette opération est légale. Et ce n’est certainement pas autorisé en GB. KOGAN a la permission d’accéder à des données de Facebook, mais uniquement dans le cadre de son projet de recherche universitaire. En plus, la législation britannique de protection des données déclare illégale la vente de données personnelles à un tiers sans consentement préalable.

«Facebook peut voir ce qui se passe», dit WYLIE, (…) «mais apparemment KOGAN leur a déclaré que c’est dans un but universitaire.» (…) CA reçoit ces données, à partir desquelles ils extraient des aperçus affutés de la psychologie des individus des « seeders » (semoirs) et puis ils créent un algorithme pour en profiler des millions d’autres. Pendant plus d’un an, les rapports de ce que CA a fait ou pas pour TRUMP tourne autour de la question des « Psychographics », WYLIE pointe du doigt :

«Tout est basé sur ces données. Les modèles, l’algorithme. Tout. Pourquoi ne pas s’en servir dans la plus grande campagne de sa vie ?»

En décembre 2015, Harry DAVIES du Guardian, publie le premier rapport sur CA et l’acquisition de données de Facebook (…), qui ne réagira que bien des mois plus tard, n’envoyant  qu’une lettre à WYLIE. En août 2016 alors qu’il a déjà quitté CA, juste avant la présidentielle américaine, 2 ans après la violation de la loi, les avocats de Facebook lui écrivent, expliquant que ces données ont été illégalement acquises et que « GSR n’a aucune autorisation de partager ou vendre. » Ils en réclament l’effacement immédiat. «Je l’avais déjà fait. Tout ce que j’ai dû faire c’est cliquer sur une case, signer et renvoyer. C’est tout. Facebook n’a fait aucun effort pour récupérer les données. AUCUN.» (…)

Dr KOGAN est à ce jour encore membre de la faculté à l’Université de Cambridge en tant que directeur de recherche associé. Ce que ses collègues ignorent jusqu’à la révélation de KOGAN par échanges d’e-mails avec The Observer (bien que l’université affirme qu’il en avait informé son supérieur), c’est qu’il est également directeur associé de département à l’Université de St Pétersbourg. Des investigations supplémentaires révèlent qu’il a reçu des subventions du gouvernement russe pour ses recherches sur « le stress, la santé et le bien-être psychologique dans les médias sociaux ». (…)

Il y a d’autres documents dramatiques dans la planque de WYLIE, par exemple : un « pitch » (une offre ciblée) de Lukoil, le second producteur de pétrole de Russie à CA. (…)

«Le travail», explique-t-il, «devait être partagé avec le PDG de la compagnie. Il s’agit d’un ancien ministre du pétrole et associé de POUTINE, Vagit ALEKPEROV. Pour moi, ça n’avait pas de sens. Je ne comprenais ni la teneur du e-mail, ni le « pitch » de cette offre. Pourquoi une compagnie de pétrole russe voudrait-elle cibler des informations sur des électeurs américains ?»

(…) Et plus tard cet été-là, CA présente à la compagnie de pétrole russe un plan simplifié de l’ensemble de ses données, capacités et méthodologie. Cette présentation concerne peu « les consommateurs ». Des documents prouvent qu’elle a abouti à des techniques de perturbations d’élections. (…) Lukoil, compagnie privée, dont le patron, ALEKPEROV, répond directement à POUTINE, véhicule également d’influence russe en Europe et ailleurs, dont la République Tchèque où il est avéré en 2016 qu’un conseiller du président tchèque pro-russe, était rémunéré par Lukoil.(…) B BROWDER, businessman anglo-américain (…) déclare : «Tout le monde en Russie est subordonné à POUTINE. On devrait avoir des soupçons à propos de n’importe quelle compagnie russe qui fait un pitch en dehors de son champ d’activités officiel.»(…) Il n’y a aucune évidence que CA ait travaillé pour Lukoil. Ce que ces documents montrent cependant, c’est que en 2014 l’une des plus grandes compagnies russe a été entièrement briefée (informée) sur Facebook, le « microciblage », la perturbation d’élections.(…)Je lui pose cette question : «Ce que fait CA, est-ce proche du harcèlement ?» «Moi, je crois que c’est bien pire, répond WYLIE, parce que les gens ne sont pas nécessairement informés de ce qu’on est en train de leur faire subir. Au moins le harcèlement respecte le libre-arbitre de ceux qui se savent harcelés. Si on ne respecte pas ce point, c’est pire car tout ce qu’on peut faire au-delà de cette limite, n’est pas propice à la démocratie. Fondamentalement, mener une guerre d’information n’est pas propice à la démocratie.»

La Russie, Facebook, TRUMP, MERCER, BANNON, BREXIT. Chacun de ces fils traverse Cambridge Analytica. Ces dernières semaines, il semblerait que la compréhension du rôle de Facebook s’est étendu et approfondi. (…) :«Si il y a une évidence de collusion entre la campagne de TRUMP et la Russie, ce sera dans le flux des données de la plateforme, dit WYLIE.» (…)Facebook nie l’infraction constituée par le transfert de données. Qui plus est, l’un de ses porte-parole déclare :

facebookt«La protection des informations personnelles est au coeur de tout ce que nous faisons. Nous exigeons en retour la réciprocité de ceux qui utilisent des applis sur Facebook. Si ces rapports sur CA sont véridiques, il y a eu un grave manquement à nos règles. A la fois  KOGAN,  le SCL Group et CA nous ont assuré avoir détruit les données en question.» WYLIE prévient : «L’information de millions de personnes volée a été utilisée par une entreprise mercenaire, Cambridge Analytica qui travaillerait pour n’importe qui pour les cibler par des voies détournées à leur insu. Par mercenaires, j’entends qu’elle travaille pour n’importe qui prêt à  payer.»

Révélation inconcevable, qui englobe tous les problèmes de sous-traitance à l’échelle planétaire renforcée par des armes cyber. Au centre, il y a le public pris en otage : toutes nos connexions familiales, intimes, nos « likes », nos miettes de données personnelles sont aspirés par le tourbillon d’un trou noir en expansion constante propriété d’un trillionnaire ayant un but politique avéré.(…)«C’est une forme de très profond mais doux pouvoir perçu comme un atout pour les USA, conclut WYLIE. La Russie est explicite à ce sujet en réglant ses pubs (internet) en roubles, etc. C’est bien là où le bât blesse, n’est-ce pas ? La Silicon Valley est un atout de sécurité nationale que les américains ont retourné contre eux-mêmes.»

Ou plus simplement : un retour de souffle.

PERSONNES IMPLIQUEES DANS CAMBRIDGE ANALYTICA 

Diverses branches de Cambridge Analytica

 

  1. Christopher WYLIE : lanceur d’alerte, The Observer / The Guardian 2018.
  2. Alexander NIX leader de la société de données SCL (Strategic Communication Laboratories) Group / SCL Elections, Canada. Fonde CA (GB) en 2013 sous l’impulsion de WYLIE. Soutien de LEAVE.EU. A menti à la commission parlementaire sur le vol des données de Facebook. Droite dure britannique, pro-BREXIT.
  3. Steve BANNON : membre de « alt-right » (droite « alternative », extrême droite américaine). Ancien directeur de Breitbart News (site web de la « alt-right »), ancien membre du comité directeur de CA ancien stratège-en-chef de la sécurité de TRUMP à la Maison Blanche. Soutien du BREXIT / FARAGE (2) et Marine Le Pen, et d’autres mouvements d’extrême droite en Europe.
  4. Robert MERCER : extrême droite américaine, discret trillionaire de fond de couverture, co-propriétaire de Breitbart, membre fondateur et financeur de CA. Financeur de UKIP et FARAGE (2) et de TRUMP.
  5. Aleksandr KOGAN: né en Moldavie, professeur en psychologie à l’Université de Cambridge depuis 2012, a crée l’appli qui vole les informations personnelles des utilisateurs de Facebook pour CA. Liens avec WYLIE (1) et la Russie.

 

DÉMISSIONS

– WYLIE (1) a démissionné de CA et ses filiales en 2016.

– BANNON (3) a été limogé par TRUMP et ensuite par MERCER en 2017.

– NIX (2) a été suspendu de ses fonctions à CA en 2018.

 

 

REFERENDUM DU BREXIT, JUIN 2016 – CAMPAGNES PRO-BREXIT / LEAVE (vert)

 

Leave.EU

  1. Shahmir SANNI : BeLeave, secrétaire et trésorier du mouvement. Lanceur d’alerte
  2. Nigel FARAGE : parlementaire européen anti-européen, fondateur du UKIP, parti qui invente le concept « BREXIT » et fondateur de la campagne « Leave.EU ». Liens avec AIQ / SCL Canada pendant la campagne, WYLIE (1). Ami de BANNON (3), soutien de TRUMP, admirateur de POUTINE.
  3. Arron BANKS : contributeur majeur de UKIP.

 

Vote.Leave

  1. Boris JOHNSON : conservateur, figure de proue de la campagne Vote.Leave, aujourd’hui ministre des Affaires Etrangères.
  2. Michael GOVE : conservateur, leader important de Vote.Leave, actuel secrétaire d’état à l’environnement, à l’alimentation et aux affaires rurales.
  3. Dominic CUMMINGS : conservateur, directeur de campagne Vote.Leave et ancien conseiller de M GOVE.
  4. Victoria WOODCOCK : directrice des opérations Vote.Leave

8.BE.LEAVE, organisation des jeunes du Vote.Leave

  1. WYLIE : fonde AggregateIQ (AIQ) en 2014 (Canada), pour Vote.Leave aussi été connu comme SCL Canada pendant une période.

 

DEMISSIONNES :

FARAGE (2) démissionne de UKIP et dit « quitter la politique » dès la victoire du BREXIT en 2016. 

BANKS (3) limogé du UKIP en 2016.

 

ENCORE AU POUVOIR :

JOHNSON (4), GOVE (5), CUMMINGS (6) à l’heure actuelle les puissants leaders du BREXIT DUR (BREXIT sans aucun accord avec l’UE) avec le parlementaire conservateur REES-MOGG.

 

Révélation : un militant de la campagne référendaire du  BREXIT affirme que  le VOTE.LEAVE aurait dépassé la limite légale des frais de campagne. 

Shahmir SANNI (1), lanceur d’alerte, allègue que les règles des limites de dépenses électorales auraient pu être manipulées lors d’une donation controversée et que le Vote.Leave aurait tenté d’en effacer les preuves-clé.

SHAMIR SANNI.t«Vote.Leave s’est servi de moi ? Ai-je été naïf ?» Shahmir SANNI. Il a travaillé pour la campagne officielle de Vote.Leave s’exposant au feu de ses anciens supérieurs ; il a pointé  du doigt ce que cachent les instigateurs du référendum de juin 2016 – y compris des personnalités-clé du gouvernement actuel de Theresa May : ils auraient bafoué les règles de limite de dépenses de campagne et auraient tenté d’en détruire l’évidence.

Ces allégations sont détaillées dans une interview à The Observer, et étayés par de nombreux documents et dossiers qu’il a confiés à La Commission électorale et la police.

L’accusation principale de SANNI concerne une donation de £625.000 (717,000€) que le Vote.Leave a ostensiblement octroyée à une organisation de la campagne référendaire indépendante appelée BeLeave (8) (= être « leave » pour le Brexit ou believe = croire). Il soutient que l’argent viole les règles, car il ne s’agit pas d’une véritable donation : il est  acheminé vers une compagnie de services numériques associée à Cambridge Analytica (CA), une compagnie controversée.Cambridge analytica

L’argent est enregistré par BeLeave auprès des autorités électorales en tant que donation de « Vote. Leave » à une organisation de jeunes indépendante. SANNI explique que BeLeave partage ses bureaux avec Vote.Leave – dont les figures de proue sont Boris JOHNSON (4)BORIS JOHNSON leave ET Michael GOVE (5) – qui en fait conseillent et assistent les jeunes et surtout les aident à décider à quoi ils vont livre anglaisetdépenser cet argent. Les lois électorales britanniques interdisent une coordination entre les différentes organisations de campagne, qui doivent se conformer aux limites arrêtées des frais. Si elles planifient des tactiques ensemble ou se coordonnent entre elles, elles doivent partager aussi la limitation des dépenses. Vote Leave nie haut et fort qu’il y ait eu une quelconque coordination.

 vote leavetSANNI dit que, suite à l’ouverture d’une enquête en mars dernier, Victoria WOODCOCK (7), directrice des opérations de Vote.Leave, s’est effacée elle-même (On ne sait pas si elle a agi sur ordre), ainsi que le directeur de campagne Dominic CUMMINGS (6) et le directeur numérique Henry de ZOETE, ainsi que des douzaines de dossiers sur le lecteur que Vote.Leave partageait avec BeLeave, afin de  dissimuler les faits de la coordination. Sur un blog posté vendredi, CUMMINGS dit : «C’est diffamatoire les faits sont non-avérés. Vote.Leave s’est comporté de façon éthique, responsable et légale en effaçant des données quelles qu’elles soient».

La majorité de la donation des 717,000€ est allée à une compagnie canadienne de données  appelée AggregateIQ (AIQ) en lien avec CA, la compagnie qui a utilisé des données récoltées de Facebook pour créer un système de ciblage politique aux USA. Christopher WYLIE (1), l’ancien employé de CA devenu lanceur d’alerte, dit qu’à l’époque du référendum, la compagnie canadienne opérait « presque comme un département interne de CA ». AIQ allait éventuellement finir par empocher environ un tiers de toutes les dépenses officielles de Vote.Leave. Cette compagnie reçoit £2.7 millions (3,2 millions €) du groupe en plus de l’argent provenant par voie de BeLeave. Elle reçoit aussi £100.000 (115,000€) de Veterans for Britain (Vétérans pour la GB) et £32.750 (37,000€) du DUP (parti unioniste d’Irlande du Nord avec le Royaume Uni, conservateurs. Parti d’appoint au conservateurs et Theresa MAY.). Après le référendum, CUMMINGS déclare sur le site de AIQ : «Sans aucun doute, la campagne de Vote.Leave est profondément redevable de son succès au travail accompli par AIQ. Nous n’aurions pas pu y arriver sans eux.»

(…) Stephen PARKINSON, maintenant 1er conseiller auprès de Theresa May, déclare :«Il est clair que je n’ai jamais dirigé les activités d’autres groupes de campagne séparées. Je n’ai eu aucune responsabilité pendant le référendum pour la campagne numérique ou des donations, et je suis confiant que Vote.Leave a bien agi entièrement dans la cadre de la loi et des règles sévères de dépenses à tous moments.»

SANNI, qui était trésorier et secrétaire de BeLeave à 22 ans, est encore un eurosceptique engagé et travaille à la « Taxpayers Alliance Campaign Group » (Groupe de campagne de l’alliance des contribuables). TAX PAYERS ALLIANCEpngIl raconte qu’il a décidé de rendre cette affaire publique, parce que il ne voulait pas d’un BREXIT sali par de possibles activités illégales. Il était alarmé par le fait que son ami, Darren GRIMES, ancien dirigeant du groupe de jeunes BeLeave, se retrouve au centre de l’enquête de la Commission électorale sur des infractions aux limitations de frais. SANNI confirme : «Vote.Leave ne nous donnait pas vraiment cet argent. Ils faisaient seulement semblant. On n’avait aucun contrôle dessus». Il croit que les dirigeants de Vote.Leave ont profité de la jeunesse du groupe et de l’inexpérience de GRIMES pour augmenter leurs propres dépenses. Il souligne que BeLeave était un petit groupe de sensibilisation pro-BREXIT dirigé par des jeunes dans la vingtaine, sans véritable expérience et connaissance des campagnes politiques ou de la finance. Il dit que le groupe a été assisté par le staff de Vote.Leave pour écrire son propre règlement intérieur et ouvrir son compte en banque pour qu’il puisse recevoir ses propres donations. Les avocats de Vote.Leave ont rédigé tous les documents légaux pour eux.

«On était conseillé à chaque pas par les avocats de VoteLeave. Ils nous indiquaient ce qu’il fallait faire et où signer». Le paiement à AIQ a été ostensiblement fait par BeLeave alors que la campagne du référendum tirait à sa fin.

Mais SANNI revendique qu’il n’avait rien à dire sur l’argent et comment il serait dépensé. Il n’a pas signé de contrat avec AIQ et n’a pas décidé ce que la compagnie de données a fait avec les paiements. L’argent n’est jamais passé par le compte en banque du groupe.«Il n’y avait aucun contrat devant moi en tant que trésorier et secrétaire, raconte SANNI, je n’ai jamais vu de contrat.»Ce processus a été répété pour £50.000 (57,000€) de plus par un donateur externe.(…)WOODCOCK, directrice des opérations de Vote.Leave est décrite par CUMMINGS comme « la personne la plus indispensable de la campagne ». Les documents provenants de SANNI suggèrent qu’après l’annonce l’an dernier du Bureau de la commission de l’information d’une enquête sur comment les données personnelles ont été utilisées, elle a effacé des noms-clé de Vote.Leave, ainsi que le sien, de douzaines de dossiers sur le lecteur partagé avec BeLeave.

WOODCOCK répond à The Observer : «La substance de ces allégations serait que j’aurais sciemment et délibérément effacé l’évidence qui pourrait être pertinente à cette enquête dans une tentative de la contrecarrer. Je crois que c’est une contrevérité et que l’évidence ne soutient pas cette thèse».

CUMMINGS affirme : «Les allégations à propos de donations illégales à BeLeave sont fausses et font parti d’une campagne pour faire annuler le résultat du référendum».(…) En février 2016 un e-mail a fuité d’un proéminent supporter du BREXIT, steve bakertSteve BAKER, aujourd’hui Secrétaire d’État au Ministère de la sortie de l’UE. Il a lancé l’idée de créer « deux entités légales séparées qui chacune pour soi, pourraient dépenser £700.000 (803,000€) ». SANNI est persuadé que c’est exactement ce qui s’est passé avec BeLeave : «A travers tout ce processus, Darren et moi, nous avons été les victimes de gens très intelligents qui cherchaient les moyens de dépasser le budget». Il décrit Darren GRIMES comme un homme de paille.

 

 

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