Actualités d’Europe du 15 octobre 2017
CATALOGNE :
DIFFICILE NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTE
DE CARLES PUIGDEMONT
10 septembre : Le président de Catalogne déclare à son Parlement l’indépendance de la région, tout en suspendant immédiatement le processus pour laisser porte ouverte à d’éventuelles négociations avec Madrid. Décevant une partie de ses partisans il soulage ceux qui «craignaient un embrasement et de violentes altercations», mais n’empêche pas les indépendantistes du parti de gauche radicale indépendantiste (CUP) de crier à la « trahison« . Mariano Rajoy dénonce la « confusion délibérée » de C Puigdemont, menaçant de «déclencher la procédure de suspension d’autonomie» .
P Moscovici : « la Catalogne indépendante ne serait pas membre de l’UE qui ne connaît qu’un Etat membre : l’Espagne« . Plaidant pour le dialogue et l’apaisement« , le commissaire confirme que l’UE ne souhaite pas s’interposer dans une « affaire douloureuse« , à « régler par les Espagnols. »
Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes : «la France appelle au dialogue » : ne rien faire ou dire qui puisse compliquer une situation que nous n’allons pas régler à la place des Espagnols« .
Guy Verhofstad, Flamand familier des poussées identitaires, craint qu’une Europe des régions signe la fin de l’aventure européenne, il plaide pour un fédéralisme national complément d’un fédéralisme européen en devenir (solution «à la belge»).
Les milieux économiques catalans exercent une pression sur les indépendantistes. Les marchés financiers sanctionnent les banques (effondrement boursier de 6% pour Banco de Sabadell, 5e espagnole qui « va déménager le siège à Alicante« ). 1ère banque catalane CaixaBank « réunit son CA pour décider un éventuel changement de siège social« . Une partie des indépendantistes voit les conséquences immédiates : la sortie de l’UE –dont ils ne veulent pas– et les risques pour l’économie catalane« .
BREXIT : LE FEUILLETON N’EN FINIT PAS !
Les négociations ne sont pas entamées, le camp Tory est plus divisé que jamais pour débuter les négociations.
ÉLECTIONS ALLEMANDES : COALITION JAMAIQUE
24 septembre, A Merkel ne sourit pas : 33% des électeurs ont donné 12,5 points d’avance à son parti (CDU-CSU) de centre-droit) sur le SPD (centre-gauche). Une déconvenue que ce score, le plus bas depuis 1949, d’autant que, l’extrême droite -Alternative für Deutschland (AfD)- progresse d’autant (-8,5%/+7,9 points).
Un virage à droite est prévisible pour reconquérir l’électorat d’extrême droite. Avec son plus mauvais score depuis la Seconde Guerre (20,5%), le Centre gauche ressort grand perdant de la « grande coalition », à laquelle il participait depuis 2013 (ses électeurs lui reprochant de s’être confondu avec le parti d’A Merkel). M Schulz, annonce que le SPD ne participera pas au prochain gouvernement de coalition.
Cas d’ailleurs tout sauf isolé en Europe : centre-gauche centre-droit d’Autriche, balayés à la présidentielle de 2016, risquent le 15 octobre prochain lors de ses législatives la même sanction. Aux Pays-Bas le Parti travailliste, en participant au gouvernement du libéral M Rutte, perd 31/39 sièges au Parlement. En fait avec cette poussée de l’extrême droite : l’Allemagne est redevenue normale, titre Toute l’Europe ! Comme nombre de ses voisins européens, elle est à son tour confrontée à la droite populiste, nationaliste aux relents xénophobes. Le traumatisme d’une partie des Allemands est apparu d’autant plus important que l’AFD n’a cessé de d’inviter le pays à sortir de la « repentance » vis-à-vis de la Shoah et à se montrer « fier des performances » de ses soldats durant la Seconde Guerre. L’une des priorités d’A Merkel et des autres partis sera d’enrayer la poussée de l’AfD dans les régions Est peu concernées par les demandeurs d’asile, mais qui souffrent de la montée de la précarité et des inégalités. En Saxe, frontalière de la Tchèquie, l’extrême droite est en tête (27%) devant la CDU. L’Union chrétienne démocrate d’A Merkel a provoqué un choc, annonçant qu’elle « proposerait W Schäuble » pour la présidence du Bundestag.
On s’achemine donc vers une délicate et fragile coalition jamaïcaine. Aussi le projet européen de la France est-il en suspens, tant que la chancelière, -qui n’en a pas dit grand-chose-, n’a pas composé son gouvernement.
DAME DE FER DE L’UE : MARGRETHE VESTAGER, Commissaire danoise
Depuis son entrée en fonction (2014), les procédures contre de multinationales violant les règles européennes se sont multipliées : contre le géant du numérique américain Google par exemple, pour avoir privilégié son propre moteur de recherche commercial, Google Shopping, au détriment de ses concurrents (amende de 2,42 milliards d’euros avec obligation de mettre un terme à ces pratiques sous 90 jours).
D’autres firmes sont sanctionnées, dont Microsoft pour avoir amalgamé moteur de recherche au système Windows 7 ou Gazprom, pour surfacturation.
La Commission impose aussi le remboursement de 13 milliards d’euros à Apple qui avait bénéficié d’un traitement fiscal privilégié en Irlande, (pratique interdite par Bruxelles, pour qui il s’agirait d’une aide d’Etat déguisée). Engie, détenue à 33% par l’état français, est également sous le coup d’une enquête pour son accord fiscal avantageux passé avec le Luxembourg.
RAPPROCHEMENT SIEMENT-ALSTHOM
27 septembre : l’allemand SIEMENS sera en position de leader. Dans l’élaboration de la fusion, la France a toutefois obtenu plusieurs assurances sur le fonctionnement de la future entreprise : maintien d’Henri Poupart-Lafarge, actuel patron d’Alstom, cotation boursière à Paris. De plus, Siemens ne pourra acquérir davantage de parts dans l’entreprise pendant 4 ans, 4 ans aussi pour la garantie de l’emploi en France et en Allemagne (8 500 personnes en France et 3 000 en Allemagne).
Et c’est Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, qui présidera le comité national de suivi de la future entreprise.
Toutefois, comme dans de nombreuses fusions, notamment dans l’aluminium ou la sidérurgie, l’acheteur s’est approprié la technologie. On ne peut exclure, à terme, le rapatriement sur Siemens de sites de production ou de décision, faisant jouer les synergies internes. La multiplication des critiques de la part de différents responsables politiques était à prévoir : France insoumise (FI), Républicains (LR) ou encore Front national (FN), voient le choix du gouvernement français de laisser Alstom sous pavillon allemand, comme manque de patriotisme économique.
A cet égard, le rapprochement simultané des chantiers navals STX de Saint-Nazaire à l’Italien Fincantieri, annoncé le 27 septembre, n’est pas de nature à rassurer les opposants à la fusion Siemens-Alstom
Selon Emmanuel Macron, personnellement impliqué dans ces deux fusions, la souveraineté, dans de nombreux domaines, n’est plus nationale, mais européenne. Et seule la constitution de « champions européens » permettra au continent d’affronter la concurrence internationale, et notamment chinoise.