ÉDITO DU 12 DÉCEMBRE 2016.
ET MAINTENANT…
François FILLON a gagné la primaire, parce qu’il avait bâti un projet spécifique pour la gagner : choisir de s’adresser aux forces les plus conservatrices de la droite. Il a bénéficié, d’une part de l’effondrement de Bruno LEMAIRE, d’autre part des voix d’électeurs qui se sont détachés de JUPPÉ, victimes du matraquage des accusations éhontées et calomnieuses contre François BAYROU, par des militants sarkozystes et d’officines affidées, dans l’espoir de les récupérer pour leur propre compte. C’est comme cela que l’on finit à la troisième place !!
Alain JUPPÉ a perdu la primaire parce qu’il avait bâti un projet pour gagner l’élection présidentielle, s’adressant à une plus large frange de la population et non au noyau dur de son électorat, seulement.
En soutenant la candidature d’Alain JUPPÉ, nous avions fait le pari qu’il était possible de réformer la France, tout en rassemblant autour d’un projet présidentiel.
Nous avons perdu ce pari. Maintenant quelles sont nos options ?
François BAYROU ne se déterminera, qu’après les résultats de la primaire de Gauche. Selon qu’ E. VALLS l’emporte ou non, le paysage s’en trouvera très différent.
Les projets actuellement connus : celui de François FILLON ou celui d’ Emmanuel MACRON, sont basés sur une forme de modèle anglo-saxon, voire «thatchérien» pour le premier. Ils ne répondent pas aux préoccupations d’une majorité de Français, davantage en recherche de marques de protection pour leur vie de tous les jours.
François FILLON, après cette première victoire, veut-il -et surtout- peut-il faire évoluer son projet pour le rendre un peu plus présidentiable ? Il devra le «recentrer» s’il veut être élu au 2ème tour de la présidentielle, face à Marine Le Pen. Dans le cas contraire, il risque de susciter un vote blanc, voire une abstention massive de l’électorat de gauche et du centre (se rappelant le second tour de l’élection présidentielle de 2002 et la victoire écrasante de Jacques CHIRAC face à Jean-Marie LE PEN, grâce aux voix du Centre et de la Gauche, et dont il n’avait tenu aucun compte !) Ce qui, mécaniquement, pourrait faire gagner Marine LE PEN….
Quant à Emmanuel MACRON, son projet, -a priori- moins «thatchérien», n’en demeure pas moins assez opaque, voire dangereux, par la remise en cause du paritarisme (accords entre patronat et syndicats représentatifs), qu’il faut réformer, mais sauvegarder.
En proposant en effet de remplacer les cotisations sociales et les cotisations chômages versées par le patronat et les employés, par une augmentation de la CSG, à la discrétion de l’État, il marque le début du démantèlement du paritarisme, fondement du modèle social «à la française».
Ce qui gêne aussi dans la candidature d’Emmanuel MACRON, au-delà de son séjour comme associé, à la banque ROTHSCHILD, ce sont les puissances financières et médiatiques qui non seulement supportent, mais nourrissent sa candidature.
Outre son mentor, Henry HERMAND, milliardaire décédé début novembre 2016, qui avait fait fortune dans l’immobilier commercial, je m’interroge sur l’aide efficace apportée au candidat, à la fois par le franco-israélo-marocain Patrick DRAHI, président du groupe ALTICE (hébergeur de l’opérateur SFR, des chaînes télé BFM, radio RMC, de l’hebdomadaire l’Express). Patrick DRAHI est aussi associé au capital du Nouvel Obs et du quotidien Libération, avec Xavier NIELS (président du groupe ILIAD: FREE Télécoms), lequel est aussi co-propriétaire du quotidien «Le Monde» associé à Pierre BERGÉ et Mathieu PIGASSE.
Dans quel but cette coalition médiatique, véritable «machine de guerre», se met «en marche» ? A première vue, pour faire élire Emmanuel MACRON à la présidence de la République Française. Personne ne me fera croire que tous ces appuis sont et resteront désintéressés !
Autre question : avec qui ou avec quoi les Français ont-ils le plus de problèmes : avec les projets présentés ou avec les personnalités présentes ?
Si c’est avec les projets, nous avons le devoir d’être imaginatifs, parce que créer c’est construire et corollairement construire c’est créer.
Quelle que soit la décision que prendra François Bayrou en février prochain, nous devons d’ores et déjà nous atteler à construire un projet réaliste autour de thèmes que nous souhaitons voir porter dans le débat : Le Travail – La Justice Sociale – La Fiscalité – L’Europe – Les relations internationales.
Si c’est avec les personnalités actuellement présentes sur la ligne de départ, nous connaissons celui qui, le moment venu, saura nous indiquer quel cap choisir !
Jean-Yves Tréguer
Président de la Fédération MoDem du Morbihan