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Édito du 5 septembre 2016. | Modem 56
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Édito du 5 septembre 2016.

 

 

BREXIT, TRUMP : LES ENNUIS COMMENCENT QUAND ON SUGGERE QUE NOUS SOMMES DANS UNE ERE DE POST-VÉRITÉ.

 

 

Il n’y a pas que les outsiders en politique qui racontent des mensonges.

Les grands partis ne sont pas capables d’être honnêtes avec les électeurs non plus.

Une explication pratique, bien qu’ alarmante, de l’étonnante ascension en politique à travers le monde occidental des « outsiders », c’est l’idée qu’on vit dans une ère de post-vérité, où le soutien aux outsiders prend naissance quand ceux-ci affichent des revendications aberrantes et sans fondements dans le monde réel.

Par contraste, si des personnalités qui sont perçues comme des « insiders » – élus et politologues – les contredisent avec des évaluations factuelles, leur popularité s’effondre.

édito 2Non-contaminés par les complexités du pouvoir, les propositions des outsiders n’ont pas encore pu être mises à l’épreuve. Ils adressent des discours à des publics euphoriques et ne comptent surtout pas mettre en oeuvre des politiques qui pourraient engendrer une immense désillusion et des accusations de trahison. Cependant, le concept d’une ère post-vérité est aussi dangereusement mensonger dans son évocation implicite d’un passé récent qui aurait été un glorieux âge de franchise.

L’implication est en partie fausse, car elle ne peut être entièrement vraie. La vérité en politique est toujours partiellement subjective – ce qui va de soi. S’engager à de nobles dépenses publiques pour l’un, serait pour l’autre le gâchis irresponsable de l’argent des contribuables. Mais ce qui est plus important, c’est que le concept de l’ère post-vérité obscurcit la raison principale de la fragilité des partis « mainstream » (= dans le courant principal, c’est-à-dire établis ou en position majoritaire).

Dans le nouveau contexte de l’économie mondialisée si contraignante qu’elle en est traumatisante, les partis « mainstream » à gauche comme à droite ont failli de façon calamiteuse à trouver le parler vrai et à dire ce qu’ils peuvent, ce qu’ils veulent et ce qu’ils devraient faire. Leur échec à avancer des arguments enracinés dans une essence de vérité offre un espace où les mensonges des outsiders peuvent s’épanouir.

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Rien que l’an dernier au Royaume Uni, l’élection qui a mené le conservateur Cameron au pouvoir pour un second mandat a été gagnée grâce à une contre-vérité scandaleuse. Georges OSBORNE (ministre des finances) a organisé l’élection autour de plans ayant une relation ténue à la vérité : combler le déficit d’ici 2020 – tout comme Donald TRUMP qui projette de construire un mur le long de la frontière mexicaine-. Dans le drame des évènements immédiatement post-Brexit, le ministre des finances en a profité pour annoncer, qu’il laissait tomber cet objectif (qu’il n’avait, par ailleurs, jamais eu la moindre possibilité d’atteindre). Cette présentation fallacieuse d’un argument économique fondamental ne s’est pas terminé en grand triomphe pour lui : redevenu simple parlementaire, ses tours de passe-passe avec le déficit ont été renvoyés aux calendes grecques, alors que Theresa MAY semble chercher une approche plus équilibrée.

La victime principale est l’ensemble de l’électorat, qui n’a pas eu droit à un débat responsable sur «comment régler les problèmes du service public», ou «comment arriver à des conclusions plus nuancées sur la priorité du comblement du déficit».édito 4

Il existe une montagne d’exemples déprimants montrant un Royaume Uni mis à mal quand les dirigeants « mainstream » sont piégés dans l’ère pré-post-vérité -elle aussi mensongère-. En effet, pourquoi le gouvernement (de Cameron) a-t-il si peu préparé les implications d’un Brexit ? Une partie de la réponse est que le premier ministre et les siens (qui voulaient rester dans l’UE) n’admettaient pas l’évidence : la possibilité de perdre le référendum. S’ il y avait eu des preuves de préparation d’un éventuel Brexit, les médias auraient attaqué Cameron. Au journal télévisé, on lui aurait lancé : »Vous affirmez que vous allez gagner le référendum et cependant vous vous préparez à la défaite !!! » (…)

Les médias (surtout ceux de gauche, mais aussi ceux de droite), rendent plus difficile aux dirigeants « mainstream » de choisir la voie -semée d’embûches- de la vérité. Pourtant, il devrait passer par la tête de tout grand politique de se rapprocher un peu plus de la vérité, tout en acceptant de ruser et de dissimuler parfois de manière expéditive – ces capacités étant d’ailleurs également nécessaires pour le succès d’un leadership.

Est-il vraiment impossible à un dirigeant de déclarer que pour jouir d’un service public convenable, il faut trouver les moyens de le financer et que la réduction du déficit n’est pas la seule façon de mesurer le succès d’une politique économique ?

édito 5N’est-il pas possible de poser de telles questions dans un sens qui ne fasse pas appel à une division idéologique entre gauche et droite, tout en prouvant que la politique « mainstream » est bien plus qu’une bataille de technocrates, où les uns se réclament compétents à l’inverse de leurs opposants, qui seraient, eux, incompétents ?

Si les dirigeants « mainstream » n’arrivent pas à s’exprimer et à expliquer concrètement pourquoi ils agissent comme ils le font, ils laisseront la place aux outsiders qui proposeront leurs absurdités post-vérité, avant que ne puisse refaire surface, un jour, une nouvelle ère plus proche du parler-vrai.

 

 

Extraits d’un article par Steve Richards

The Guardian, Lundi 8 Août 2016,

traduits par Lisa COLE-BERG

militante du Modem 56

 

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