Hommage à Michel Rocard.
MORT D’UN HONNÊTE HOMME…
François BAYROU :
«J’aimais chez Michel Rocard son imagination, sa liberté de pensée et le rêve toujours recommencé de dépasser les sectarismes pour construire»
La France a compté bien des premiers ministres courageux, honnêtes, visionnaires, érudits, humanistes ou intégres. Mais jamais tout à la fois, sauf… Michel Rocard.
De lui on ne retient souvent que son combat perdu contre François Mitterrand. Trop en avance sur les mœurs du temps, il osa être la voix de ceux qui rêvent à l’addition des talents, la complémentarité des idées, au dialogue républicain au sens le plus noble du terme. «Le premier qui dit la vérité», fut exécuté par ses amis politiques… et pas assez soutenu par les autres, frileusement repliés sur leurs idéologies propres…
Jusqu’à son dernier souffle (il devait participer à une émission de télé ce 13 juillet prochain), il tenta de faire entendre la voix de l’honnête homme, de raisonner ses amis de gauche, de tenter aussi de jeter un pont entre les hommes de bonnes volontés, réformistes de tous bords…
Souvent iconoclaste, jamais provocateur, il ne cèda jamais au «buz pour le buz». Cet homme d’état va manquer à la France. Celui-là même qui, transgressant le sectarisme habituel de son parti, commençait son appel à une alliance Bayrou/Royal dès le 1er tour de la Présidentielle 2007, par : «si Nicolas Sarkozy est élu, nous n’aurons aucune excuse».
http://www.lemonde.fr/societe/article/2007/04/13/michel-rocard-plaide-pour-une-alliance-royal-bayrou-avant-le-premier tour_895551_3224.html
Dans un «gouvernement idéal», nul doute que le MoDem aurait pu travailler en complémentarité efficace avec cet humaniste, tout comme Alain Juppé d’ailleurs, avec lequel Michel Rocard avait, il y a quelques années, co-écrit «LA POLITIQUE TELLE QU’ELLE MEURT DE NE PAS ETRE» et accepté de travailler dans le cadre d’une réflexion commune définissant priorités du grand emprunt national (35 milliards d’euros) et liste des investissements d’avenir de l’Etat.
Les Morbihannais se souviendront qu’il tint ferme la barre de son bateau au large de chez nous, passant ses étés d’enfance à St Pierre Quiberon et ses étés d’adulte, dans sa maison de Séné. Nous nous sentions en communion de courage avec celui qui pacifia la Nouvelle Calédonie, respectant dans une négociation honnête, ceux qu’il aurait pu humilier.
Que les futurs dirigeants de France soient inspirés par l’esprit visionnaire de ce Français d’exception, intellectuellement élégant et ouvert au monde tel qu’il est, pour reprendre le flambeau de Michel Rocard, qui jamais n’accepta de cèder à la médiocrité.
Retrouvez ce qu’en disait François Bayrou dans l’émission C’est Politique sur BFM TV.