Actualités Démocrates de France du 31 janvier 2016.
LE POINT DE VUE DU MODEM …
INTERNATIONAL.
Le nouveau dialogue avec l’Iran.
L’Iran est un état et un pays dont la force, le nombre et la puissance obligent qu’on en tienne compte. Et ceci était une nécessité qui était inscrite dans les faits depuis longtemps, et à l’intérieur de l’Iran, le président semble, Bernard Guetta vient de le dire, être plutôt de ceux qui poussent à la normalisation des rapports et à un équilibre différent à l’intérieur qui ne soit pas entièrement soumis au religieux. Et donc de ce point de vue-là, oui, je pense qu’il est utile de lui parler. De lui parler donc de composer avec lui.
(François Bayrou au micro de France-Inter le 27 janvier)
Le rapprochement commercial entre la France et l’Iran, ne se traduit pas encore sur le plan politique, mais une première étape vient d’être franchie, par la signature de contrats importants avec :
ADP associé à Vinci et Bouygues pour le développement des aéroports de Mashhad, Ispahan et Téhéran.
La SNCF a signé, avec son homologue iranien, un protocole de coopération.
TOTAL va signer un accord pour l’achat de 200 000 barils /jour de pétrole brut qui sera raffiné en Europe.
Le groupe Peugeot-Citroën va faire son retour en Iran, avec un investissement important pour produire sur place des 2008 et 308.
AIRBUS a signé un protocole d’accord pour 118 avions, d’un montant “catalogue” de 22 milliards d’ € et portant sur la livraison de 45 avions de la famille A 320, de 45 avions de la famille A 330, de 16 A 350 et de 12 A 380.
FRANCE
La crise migratoire,
Les valeurs humanistes sont une chose et il est naturel et important qu’on ait à l’égard des réfugiés et des vagues qui les poussent vers nous, une attitude résolument constructive, que l’on aide dans les pays d’où ils viennent en particulier. Il faut une volonté d’imposer un ordre qui, pour l’instant, n’existe pas et détruit les sociétés d’où ces femmes et ces hommes viennent le plus souvent. Mais aucun pays ne peut accepter d’avoir des vagues de réfugiés sur son sol sans les réguler. Ça n’existe pas. Je n’ai, pour ma part, jamais cru qu’on pouvait en arriver là car dès l’instant que vous êtes devant des nombres, des chiffres, des vagues, il y a des déstabilisations des sociétés dans lesquelles vous vivez et donc la régulation, la recherche de l’équilibre est une chose tout à fait essentielle. Je ne porte pas de jugement négatif sur les dirigeants qui essaient de faire en sorte qu’il y ait cet équilibre, qu’on le crée. La régulation est une nécessité et pour qu’il y ait régulation, il faut qu’il y ait identification. Il faut qu’on sache où les gens vont. Il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas des avantages excessifs, du moins qui paraissent excessifs par rapport à la population qui vit sur le sol. Cette régulation est nécessaire et vous verrez que l’on y viendra. Il n’est pas possible que l’Europe en reste là. Et il n’est pas possible en particulier que l’Europe continue à jouer chacun pour soi.
(François Bayrou au micro de France-Inter le 27 janvier)
Soutien à Alain Juppé et recomposition politique…
En essayant de faire prendre en compte des propositions, des visions sur la société française qui sont absolument nécessaires et utiles parce que cela a de la signification, dans le moment où l’on vit, où c’est chacun pour soi et tous contre tous ! C’est comme cela que ça se passe. Si vous regardez le débat politique, il est incroyable ! Tout le monde dit à peu près la même chose, notamment sur les sujets économiques et sociaux. Il y a un sentiment de brouillage généralisé et cependant, personne n’est capable de s’entendre avec personne. C’est une guerre générale, à l’intérieur des partis, entre partis, entre clans, entre écuries et cette guerre est décourageante pour les citoyens ! Il m’a semblé que l’attitude de quelqu’un qui a un socle électoral qui n’est pas mince – il suffit de regarder les enquêtes d’opinions – qui consiste à dire « écoutez, moi, je suis prêt à travailler avec une personnalité qui n’est pas de mon parti, mais je suis prêt à l’aider – avait du sens, de la signification. Alain Juppé a choisi une attitude plus rassembleuse. Mon choix est d apporter du désintéressement dans un jeu politique qui pour les citoyens est marqué par beaucoup d’égoïsme. »
La trahison des valeurs Éducatives Françaises…
La réforme du collège est un affront à une certaine idée que la France s’est faite de l’éducation tout au long de son existence. Le fait que l’on réserve à des privilégiés des enseignements qui étaient hier offerts à tous est une atteinte profonde aux valeurs, aux idéaux qui sont ceux des éducateurs.
Les humanités classiques, base de l’éducation de la France pendant des siècles, sont rayées d’un trait de plume. Et prenez cette affaire de la suppression des classes bilangues, vous allez découvrir quelque chose de stupéfiant et que je n’aurais pas cru si cela n’avait pas été écrit : le ministère a décidé que ces classes bilangues, hier offertes sur l’ensemble du territoire seront conservées à Paris et supprimées partout ailleurs dans de très grandes largeurs. Exemple, à Nantes il en restait 3 sur 60 ! 100 % des classes sont maintenues à Paris et elles sont pour la plupart supprimées en province. Est-ce que vous mesurez ce que ça veut dire ? Que ce soit un gouvernement qui se dise de gauche qui installe un privilège de résidence, pour moi, est un deuxième affront qui est apporté. Un privilège de résidence parce que l’on est dans la bonne ville, parce que l’on connaît – au fond – les décideurs, on est proche et on peut exercer de l’influence. Pour moi, c’est un deuxième affront qui est apporté, c’est le contraire de ce que nous voulons, de ce que nous avons voulu, de ce dont beaucoup d’entre nous ont rêvé pour l’Education nationale. Et je vous assure qu’il n’est pas étonnant que les enseignants français se sentent à ce point heurtés dans leur conscience – enfin – dans l’idée qu’ils se font de leur avenir.
(François Bayrou France-Inter le 27 janvier 2016)
Inscription de la déchéance de nationalité pour les binationaux :
Je n’ai jamais été choqué que l’on dise ‘les gens qui viennent porter atteinte à notre nation ne sont pas dignes d’en garder la nationalité’. Franchement, c’est presque la moindre des choses. Vous avez des gens qui viennent tuer les enfants et on est timoré ! Vous avez des gens qui viennent tuer des enfants, ce n’est pas une décision inconséquente.
(François Bayrou RTL)
L’Assemblée va en discuter car elle est faite pour cela. Je pense que c’est mieux que l’on se focalise sur les crimes, car les délits c’est plus difficile à définir alors que les crimes c’est clair. Pour moi, on peut s’interroger sur la place qu’ont dans notre nation des personnes qui ont attaqué le pays et ses enfants. Cela ne me parait pas choquant.
(François Bayrou France Inter)
C’est un débat incompréhensible Je n’ai pas été choqué quand j’ai entendu le Président de la République dire que l’on allait prendre des mesures de cet ordre à l’égard des terroristes qui viennent attaquer les français sur le sol français et les enfants dans les terrasses de cafés ou dans les salles de spectacle. Au fond, j’ai trouvé qu’un pays qui dit : chez nous on ne peut pas faire n’importe quoi, est un pays qui se tient. Je ne suis pas choqué.
Il est vrai qu’il y a une émotion assez grande chez les français qui ont deux nationalités et on en a tous dans nos familles, dans la mienne aussi, et qui ont le sentiment d’être stigmatisés ou d’être mis de côté. Il est nécessaire de dire qu’il ne sont visés en rien. Personne n’est visé. Il n’y a que le terrorisme et la condamnation pour terrorisme qui implique cette déchéance. Est-ce de nationalité ? Est-ce de citoyenneté ? Il y a un débat énorme au sein de la majorité qui montre qu’il n’y a pas de cohérence, de cohésion au sein de la majorité. »
(François Bayrou France Inter 29 janvier 2016)
LA VIE POLITIQUE FRANCAISE TELLE QU’ELLE EST, ET TELLE QU’ELLE DEVRAIT ÊTRE…
Christiane Taubira s’en va et vous voyez bien qu’il y a guerre de deux lignes au sein de la majorité. Et cette guerre est évidemment un événement politique majeur et c’est incroyable que depuis un mois on nous ait raconté que tout allait bien, que finalement on avait trouvé un compromis, qu’il n’y avait pas de difficulté.
Il faut ajouter à cette rupture programmée désormais avérée le fait que l’on nous annonce ce soir que le chômage a continué d’augmenter au mois de décembre alors qu’on nous laissait entendre que probablement il y allait avoir une inflexion. On est dans une situation inquiétante pour le pays réellement désordonnée pour les citoyens, avec des prises de positions extrêmement étranges de la part de ministres du gouvernement
François Hollande est devant le constat que sa majorité et les assurances qu’il donnait de la cohésion de sa majorité sont désormais ruinées par la réalité. On est devant les faits, là on ne peut plus faire semblant. Cela donne une impression étrange et désordonnée. Quand l’on pense que ce matin à 8 heures, Monsieur Urvoas ne savait pas qu’il allait être nommé ministre parce qu’à 8 heures, on ne connaissait pas le texte qui allait être soumis à l’Assemblée…
(François Bayrou RTL 25 janvier 2016)
Crise de l’Agriculture
Je me suis toujours oppose A LA FIN DES QUOTAS LAITIERS c’était un moyen de sauvegarder l’avenir de l’exploitation qui allait autrement être soumise à une concurrence d’écrasement.
En effet, le seul critère qui permet de faire vivre une exploitation est le fait qu’elle soit suffisamment grosse pour produire suffisamment de lait afin d’écraser le marché.
Je me suis toujours opposé à la fin des quotas laitiers. Et on a aujourd’hui le résultat. Il y a beaucoup de désespoir dans le monde agricole, il est immense. Je me sens solidaire, j’y ai grandi mais j’ai aussi été producteur laitier à la mort de mon père pendant dix ou douze ans. Je sais exactement de quoi il s’agit. Il y a un immense désespoir économique, on les a amenés à s’endetter, ils n’arrivent plus à y faire face. Et en même temps, ils sont profondément contestés sur leurs pratiques, sur la manière dont on conduit un troupeau ou sur leur exploitation céréalière.
Je pense que l’on va devoir s’interroger sur le modèle agricole. Je ne crois pas au modèle agricole ultra libéral. Il est temps de rappeler qu’une politique agricole, au niveau d’un État ou de l’Union Européenne, a deux buts : l’alimentation des sociétés pour qu’elles ne soient pas dépendantes de l’extérieur et que l’on sauvegarde un tissu d’exploitation agricole suffisant pour que la culture du monde agricole demeure présente et vivante dans la société qu’est la nôtre.
Ne tenir compte que du but de la production au plus bas prix, ce que l’on a fait depuis des décennies, est une catastrophe. On a remplacé par des aides issues de la fiscalité le revenu qui aurait dû venir des prix et cet équilibre-là a été abandonné, saccagé. C’est un modèle dans lequel je ne me reconnais pas avec tout ce que cela suppose pour ma part comme idéalisme mais j’assume cette vision-là. »
(François Bayrou France-Inter le 27 janvier 2016)
Modes de consommation et la relance de la production en France
Il faut réindustrialiser, soutenir et encourager les labels, les appels d’offre avec des critères qualitatifs et la proximité » et a appuyé son propos par le souhait de relever les durées légales de garantie afin de favoriser la qualité et la production en France, en achetant un produit, certes, plus cher, mais qui durera plus longtemps. Si nous voulons relancer la production en France, cela dépend aussi de notre capacité à changer nos pratiques. Je crois que l’une des clés sur les changements des mœurs politiques, ce sera encore plus, demain, d’impliquer le citoyen dans ses actes et pas uniquement son bulletin de vote. La politique, demain, ne changera pas uniquement parce que l’on élira des leaders avec un bon catalogue de propositions, elle le sera aussi si l’électeur prend conscience du fait qu’il a les capacités de changer les choses ici et maintenant et là, en l’occurrence, d’être attentif au fait qu’en hiver il ne soit pas obligé d’acheter des fruits qui viennent de l’autre bout de la planète.
Robert Rochefort KTO 28 janvier 2016
Les errances du Gouvernement français….
Le pays est devenu « une cocotte-minute » Le Gouvernement a instaure une situation de tension inévitablement cela produit des révoltes chez les taxis mais aussi chez les agriculteurs : le gouvernement les laisse s’enfoncer dans la crise.
Il faut traiter la question des taxis, leur donner une solution, et rentrer dans la négociation » Le choix des pouvoirs publics a été de contourner les choses via la dérégulation et une concurrence « mal gérée » donc déloyale. Tant que l’on ne donne pas des règles équivalentes, on crée « une distorsion de concurrence » et cela aboutit à une situation de désespérance.
« La question n’est pas de savoir en global si il y a trop de fonctionnaires ou s’ils sont trop ou pas assez payés ». Il ne faut pas faire une politique générale de la fonction publique mais « regarder fonction publique par fonction publique » et y trouver les priorités.
« L’État a donné à des gens le droit d’avoir des rentes à vie sur des biens collectifs »
François Bayrou s’était à l’époque opposé à la privatisation des autoroutes en allant jusqu’au Conseil d’Etat pour remettre en cause cette décision. « Les autoroutes ont été financées par les français, on a donc privatisé un bien commun ». Elles rapporteraient des dividendes à l’Etat mais ce serait trop complique de les racheter. La privatisation n’était pas justifiée car le privé ne fait pas mieux que l’Etat en termes d’entretien et au titre des promesses non tenues du gouvernement, la hausse des prix des autoroutes qui ne devait pas avoir lieu est encore une promesse non tenue qui discrédite la parole publique
« La démocratie sondagière est catastrophique »
Naviguer en permanence à la vue des sondages est désastreux pour l opinion publique Les français ont besoin qu’on leur donne un cap, que l’on change leur quotidien et qu’on leur donne des perspectives. Ils se ne se préoccupent guère de savoir qui est le plus populaire.
(Marc Fesneau Sud Radio 26 janvier 2016)
EUROPE
L’INCOHÉRENCE EUROPÉENNE…
Les citoyens sont en droit d’attendre que les dirigeants européens prennent un certain nombre de décisions qui, pour le moment, n’ont que trop tardées. Il faut faire face à tous ces défis, ce sont des défis très lourds, très complexes mais pour autant nous avons besoin effectivement de prises de décisions concrètes et non pas de promesses répétées de la part de nos dirigeants européens.
D’abord vous dites les migrants, il faut distinguer les réfugiés politiques d’un côté qui peuvent prétendre au droit d’asile et les migrants de l’autre. Il est très clair que l’on avait dans les flux de personnes qui rejoignaient l’Union Européenne à l’automne dernier une majorité qui était des réfugiés politiques. Or, aujourd’hui, c’est en train de s’inverser et on a une plus grande majorité de migrants économiques. Cela pose plusieurs questions, celle du contrôle aux frontières. Il faut que l’on contrôle qui rentre et il faut regarder si ce sont des migrants économiques ou si ce sont des réfugiés politiques et en particulier les réfugiés syriens. Je pense qu’il faut prioriser les réfugiés syriens. Nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Il faut encadrer. Or, ce travail d’encadrement n’a pas été fait car il n’y avait pas de contrôle aux frontières. En même temps, nous devons avoir une politique d’asile et une politique migratoire communes en Europe. Nous n’avons aucune de ces deux politiques en commun !
Il faut agir dans les camps de réfugiés dans lesquels je suis allée et où les situations se dégradent très lourdement que ce soit au Liban, en Jordanie ou en Turquie ! Il faut que l’Europe agisse d’avantage pour trouver une perspective de sortie de crise et de stabilisation politique de la Syrie. Je crois qu’il y a là quelque chose dans ce qui a été dit par Angela Merkel qui ne va pas. On ne va pas pouvoir faire revenir chez eux les Syriens tant que la situation évidemment ne sera pas stabilisée.
Il y a une grande responsabilité des chefs d’État et de gouvernement à ne pas avoir géré cette crise des réfugiés politiques, à ne pas l’avoir anticipée, à ne pas avoir organisé une venue avec un flux qui soit régulé et encadré. Bien sûr que l’Europe doit accueillir des réfugiés politiques. Quand je dis l’Europe d’ailleurs, d’autres pays du monde pourraient aussi participer à cet accueil. Comme cela n’a pas été organisé, il y a eu une sorte de désordre, de chaos qui se sont installés, de peur. Il y a eu une absence de gestion globale notamment sur les frontières extérieures de l’Union européenne, qui fait que chaque pays s’est refermé sur lui-même. C’est aussi parce que les responsables politiques européens n’ont pas pris les bonnes mesures !
La Commission européenne tente de faire ce qu’elle peut mais quand la première ministre polonaise est venue au Parlement Européen, tous les présidents de groupe ont dit “ On va voir ce que l on va voir” On n a rien vu du tout !
Elle a dit « chez moi, il y a eu des élections libres et je ne fais rien d’autre que ce que font certains pays dans l’Europe » or évidemment ils vont plus loin. Mais en même temps on a eu une réaction assez faible et on ne peut que le regretter.
(Marielle de Sarnez RFI 27 janvier 2016)