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Édito du 8 novembre 2015. | Modem 56
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Édito du 8 novembre 2015.

LE DÉBAT

EST-IL ENCORE POSSIBLE ? 

Le 20 octobre, le magazine Marianne a organisé une grande réunion publique, sans aucune exclusive, à la Mutualité sur le thème : «Peut-on encore débattre en France ?»

La soirée a réuni une douzaine d’intellectuels et de patrons de presse et environ 1.400 auditeurs. Il faut oser dire que le débat est pratiquement impossible dans ce pays. Le dialogue social est en mauvaise passe avec la CGT et FO qui ont préféré pour la CGT ne pas participer à la quatrième conférence sociale du quinquennat et pour FO en faire une critique préalable.

Drôle de conception du dialogue ! Pendant des décennies on a considéré que si l’on était ouvrier on devait voter à gauche, et que si l’on était patron ou cadre supérieur, on devait voter à droite. D’un côté, une proposition patronale ne pouvait en aucun cas être considérée comme bonne par les salariés, et de l’autre côté, faire participer les salariés à la vie de l’entreprise ne pouvait qu’être contraire aux intérêts des actionnaires. Quelle stupidité et quelle aberration sur le plan de l’efficacité économique. Au lieu de chercher à rassembler, la vie politique et sociale française se nourrit de l’opposition binaire. Toute sa vie, on devrait voter à gauche ou à droite, comme ses parents et selon sa catégorie sociale. Quelle imbécilité et quel refus du dialogue !

Jacques Julliard, éditorialiste de «Marianne» a essayé d’être l’arbitre de la soirée. Il a analysé le passé et a dit : «Détrompez-vous, mes amis, dans son histoire, la France n’a presque jamais connu de débat ouvert. Le débat sans intention d’extermination de l’adversaire a toujours été une exception dans ce pays…Notre pays n’a pas inventé le débat, non ! Ce qu’il pratique en revanche, avec ravissement, c’est la guérilla intellectuelle…Le problème c’est qu’on ne combat pas un adversaire, mais un gredin. Quand ce n’est pas la semaine Houellebecq, c’est la semaine Finkielkraut ; Quand ce n’est pas la semaine Gauchet, c’est la semaine Onfray…» Le débat semble totalement verrouillé, ce qui incite les gens à se désintéresser de la vie politique et économique et à se réfugier vers les extrêmes ou dans l’abstention.

La composition des listes de droite et du centre pour les régionales du mois prochain est un nouvel exemple de refus du dialogue et de dictature de la pensée. En Champagne-Ardenne, le Modem a été exclu, sans débat, de la liste d’union du centre et de la droite par la collusion des «Républicains» et de l’UDI. Le comble est que, dans la grande région, une petite dizaine de candidats ont été estampillés Modem pour faire croire à l’ouverture et au rassemblement, alors qu’ils ne prendront leur carte que s’ils sont élus.édito 2

En revanche, les candidats présentés par le Modem champ ardennais ont tous été refusés, car ils risquaient de ne pas se soumettre à la pensée unique du plus fort. Dans une interview à «Match», Jean-Marie Cavada, ex-journaliste et eurodéputé centriste, explique pourquoi il a quitté l’UDI pour aller vers Génération Citoyens, mouvement politique citoyen en dehors des partis :

«Si on laisse de côté les questions de personnes, je dirais qu’un mouvement centriste qui ne parle plus d’Europe, qui ne porte plus de propositions sociales pour répartir la richesse, il n’est plus au centre. Certains dirigeants de l’UDI n’ont plus pour seule doctrine que, «Elisez-moi, ré-élisez-moi ». Comme les autres. Et c’est un parti qui se met dans la main des Républicains. Regardez leurs accords électoraux.» C’est exactement ce qui vent de se passer pour les listes régionales.

L’important pour l’UDI n’est pas d’affirmer des convictions et de les défendre dans le cadre d’un dialogue respectueux, mais bien d’avoir des élus soumis aux décisions de «Républicains», mais touchant leurs indemnités et finançant leur parti.

Dans une longue analyse dans «Marianne», Jean-François Kahn explique avec sa fougue habituelle comment ce refus du débat est l’une des principales causes de la montée du FN et de son arrivée prochaine à la tête d’exécutifs régionaux.

«Alors qu’il est devenu urgent de fédérer tout ce qui permettrait de consolider et d’épaissir la digue de retenue républicaine, de vivifier le débat démocratique en tant que ciment de cet endiguement, que fait-on ? On exclut, on rejette, on excommunie, on verrouille, on rapetisse, on rétrécit. Les eaux montent : on se contente de les apporter au moulin du Front national…

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Face à cette accumulation d’aveuglements et d’irresponsabilités dont risque de sortir le pire, l’émergence de paroles fortes d’appel à la raison s’imposerait. Or, seul le débat démocratique peut en constituer la matrice. Est-il encore possible ?…Tout se passe comme si, par un double phénomène de retour en arrière, la radicalisation droitière des uns (dont la montée en puissance du FN n’est que l’un des symptômes) réveillait, en réaction à la réaction, des radicalités phraséologiques qui renouent avec la vieille rhétorique stalinienne…Vous ne pensez pas comme nous, donc, comme sous la Terreur, vous ferez charrette commune !…Substitution au constat d’une évolution (on a le droit d’évoluer vers la droite ou vers la gauche) de l’accusation de «dérive» qui renoue avec les procès en «déviationnisme»… 

 

Cette bipolarisation intellectuelle est d’autant plus redoutable que les deux mâchoires de la tenaille s’accordent à laminer tout ce qui cherche à s’émanciper de ce dualisme régressif».édito 4

Dans un éditorial de «La Croix», François Ernenwein, est moins entier : «Ici, le débat conserve une certaine ampleur, et malgré les fièvres une certaine tenue. En dépit de la crise, la production des idées et des livres y est soutenue. Voyager même sans trop s’éloigner au Nord ou au Sud permet de mesurer l’ampleur des dégâts ailleurs… Au fond, c’est la qualité de ces discussions qui provoque des polémiques. Parle-t-on de points de vue ou d’anathèmes ? Cherche-t-on à partager des idées ou à écraser un adversaire ? La médiatisation des échanges et leur réduction ne pousse-t-elle pas à caricaturer les positions ? Pour accroître ses chances d’être entendu, faut-il absolument de poser en victime ?»

Dans le débat politique, comme dans le débat social, on a besoin de compromis ou de coalition. Malheureusement, nous sommes, en France, dans une culture de la confrontation et non de la négociation par le dialogue respectueux. Trouver ensemble, par le dialogue et la négociation un compromis est beaucoup plus intelligent et productif que de vouloir imposer ses vues par la force ou par l’absence.

Tant que nous resterons dans ce foutu système de bipolarisation politique ou sociale, nous ne parviendrons pas à réformer notre pays et à lui faire rattraper le peloton des pays dynamiques où le taux de chômage est faible. Sommes-nous capables d’une remise en cause individuelle et collective ? C’est tout le problème de notre société actuelle. Les mouvements citoyens sont peut-être une réponse à cette attente.

Jacques JEANTEUR

Militant du Modem des Ardennes

 

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