Édito du 31 août 2015.
LES ÉLECTIONS RÉGIONALES SONT-ELLES DÉMOCRATIQUES ?
Les élections régionales ayant lieu au suffrage universel direct et au scrutin proportionnel de liste à deux tours -avec prime majoritaire de 25%-, nous pourrions croire qu’elles sont démocratiques. En réalité, si nous examinons le code électoral à la loupe, force est de reconnaître que ce n’est pas tout-à-fait le cas…
Celui-ci précise que les listes de chaque région doivent comporter un nombre de candidats classés par section départementale, correspondant à l’effectif du conseil régional auquel il convient d’ajouter 2 candidats par section départementale. (http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0455.asp).
Premier constat : un parti politique doit donc présenter une liste de candidats complète. En cas d’impossibilité, soit il ne participe pas à cette élection, soit il recherche une alliance avec d’autres partis.
Par conséquence, un parti dont les moyens en nombre de militants (et de financement) sera suffisant préférera ne pas accepter les candidats d’une autre formation sans leur imposer des conditions. Dans ce cas, le parti «faible» sera soumis aux exigences du parti «fort» !
L’emblème de notre République (Liberté, Egalité, Fraternité) et l’élémentaire sens démocratique ne sont donc pas respectés, alors que la République doit protéger les faibles des excès des forts !
Aussi, on ne devrait pas imposer une liste complète de candidats mais plutôt un minimum de candidats (par exemple deux par section départementale).
On peut d’ailleurs se demander pourquoi le code exige deux candidats supplémentaires par section départementale, en plus de l’effectif du Conseil Régional : pour creuser encore l’écart entre les partis «forts» et «faibles» …
* Le code électoral précise également que les listes ayant obtenu au moins 5 % peuvent fusionner au second tour avec une liste ayant obtenu au moins 10% des voix.
Deuxième constat : le parti «faible» sera soumis aux exigences du parti «fort» et perdra son indépendance !
Pourquoi ne pas admettre que les partis n’ayant pas atteint les 10% puissent entre eux faire listes communes, même avec ceux qui ont eu moins de 5% ?
Troisième constat : le code électoral a été concocté par les pouvoirs successifs (PS, RPR-UMP) dans leur propre intérêt, afin d’assurer leur «pré-carré» et d’étouffer les velléités des petits partis porteurs d’ idées nouvelles !
La prime majoritaire de 25% est excessive : à l’exclusion du 1ier tour, si un parti peut rafler plus de 50% des sièges sans avoir recours à cette prime majoritaire, il ne devrait pas disposer de plus de 50% des sièges…
Enfin, on peut déplorer que ce mode de scrutin proportionnel de liste ne permette pas aux candidats individuels sans étiquette politique d’accèder à un quelconque pouvoir.
Ce qui nous amène à faire quelques remarques à propos des «fusions de listes» :
Ces derniers temps, il est souvent dit et écrit que les alliances étaient indispensables pour «réunir les forces» dès le premier tour.
Pour ce scrutin proportionnel de liste, c’est au contraire le meilleur moyen d’additionner les faiblesses des uns et des autres ! Les électeurs allergiques à un des partis composants une alliance voteront blanc ou resteront chez eux. Pire, et d’après quelques sondages, certains électeurs seront même enclins à voter FN, ce qui n’est donc pas la meilleure solution pour contrer ce dernier
Chaque parti devrait pouvoir présenter une liste «ratissant plus large» ! Car pour être la plus démocratique possible, une élection devrait pouvoir motiver le plus grand nombre de nos concitoyens.
Le contenu des propositions est très important, mais la justesse des règles des élections l’est tout autant. Or, pour ces élections régionales tout est fait pour favoriser les gros partis (PS et Les Républicains), ce qui est un simulacre de démocratie !
La démocratie est également la reconnaissance du refus d’exprimer un vote par les citoyens, lorsque les offres politiques proposées ne répondent pas à leurs attentes justifiant ainsi leurs abstentions, leurs votes blanc et nuls ! Au lieu de rechercher les raisons de ce comportement, la plupart des politiques considèrent ces citoyens comme négligeables…, tant pis pour eux !
Il est donc à craindre, en décembre 2015, que l’abstention présentera un niveau jamais atteint et dépassera peut-être deux Français sur trois ! À partir de quels critères une élection devient valide et permet de légitimer les élus ?
Les Français ressentent de plus en plus de haine envers les hommes politiques*, exarcerbés par le découpage inique des nouvelles régions, et le fait que les journaux les aient informés que les futurs candidats seraient plus préoccupés à se partager les postes que de l’avenir des régions et que le gouvernement souhaiterait créer des postes de présidents délégués dans les régions (pour placer des amis ?)…
Notre démocratie a été malmenée par les partis de gouvernement qui l’ont organisée à leur avantage. Les femmes et les hommes politiques, collectivement, ne semblent pas avoir conscience de l’état dégradé de notre Démocratie. Et par ailleurs aucun parti politique n’a montré suffisament d’ indépendance pour se mettre en réserve et répondre aux attentes des Français !
Faut-il attendre une révolte française, au risque que «tout pète», comme beaucoup l’ont déclaré à Jean Lassalle lors de sa « Marche », pour avoir le courage de proposer de vraies réformes pour la France ?
Rémi THOMAS
Militant Modem du Morbihan
*(référence : «À la rencontre des Français» de Jean Lassalle)
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