Actualités Démocrates d’Ailleurs.
PARIS-MATCH ou Quand l’art du raccourci dénature les propos de François Bayrou…
Paris-Match de cette semaine, sera lu et relu, compte tenu de son contenu people-politique. L’interview de François Bayrou qu’il retranscrit avec un titre aussi accrocheur que faux AUSSI, hélas !
Le Modem tient donc à faire un rectificatif en publiant le texte validé et approuvé par François Bayrou et dont le contenu dément le titre que Paris-Match, dans son art du raccourci, a choisi pour «accroche»…
«Je mets toutes mes forces à concevoir un projet de reconstruction pour notre pays»
retrouvez ici l’intégralité de l’entretien effectivement validé et approuvé par le président du MoDem pour l’édition papier du magazine.
Que pensez vous du discours de Manuel Valls à La Rochelle et de son spectaculaire changement de cap ?
Manuel Valls fait preuve de détermination. Je lui donne acte d’avoir affronté sans faiblir la guerre des gauches qui pourrissait depuis deux ans la cohésion du gouvernement. La ligne politique qu’il affirme est cohérente dans son expression. Mais encore faut-il que les actes suivent, et là on n’y est pas. Les mots sont justes mais la réalité ne change guère. C’est là son vrai rendez-vous.
Cette inflexion économique se rapproche de celle que vous prônez …
Regarder en face les blocages qui affectent l’économie française, c’est aller dans le bon sens. Supprimer ces obstacles, c’est mieux encore. Mais il faut aller jusqu’aux causes de ces blocages ! La société est comme le sol pour une plante. Si la plante est en mauvaise santé, c’est que le sol est malade. C’est le sol qu’il faut soigner ! L’état de délabrement de notre pays exige des réformes profondes. Je prendrais deux exemples : Nous vivons avec une Éducation Nationale sinistrée et ce ne sont pas les rythmes scolaires qui vont résoudre le problème de la transmission des acquis, le climat à l’intérieur de l’école et le désarroi des enseignants. Ce ne sont pas ces changements mineurs qui vont convaincre les étudiants qui fuient l’enseignement, et les enseignants débutants qui se découragent. Il faut une réponse plus exigeante qui touche à la classe et pas seulement à ce qui l’entoure. Autre question lourde : nous avons des populations entières qui vivent parmi nous, dans nos quartiers, et dont l’intégration a été manquée. Cela exige qu’on ait une politique en profondeur qui touche à l’entrée dans le travail, l’apprentissage, l’alternance et la formation professionnelle.
Appelez-vous toujours de vos vœux une alliance réformatrice qui transcenderait les clivages traditionnels ?
Quand on voudra faire quelque chose de sérieux, ce sera le seul chemin crédible. L’heure n’est pas encore venue. La crise politique profonde née de la division de la gauche n’a pas encore produit tous ses effets. Et les affrontements internes à l’UMP non plus. Je crains que nous n’assistions à d’autres secousses dans les semaines et les mois à venir. De surcroît, nous n’avons pas les institutions qui permettent de vraies alliances au service d’un projet. Pourtant, je suis persuadé qu’une majorité réformatrice existe. On y viendra nécessairement quand on prendra la mesure des échecs provoqués par des années d’affrontements stériles. Alors sonnera l’heure des reconstructeurs.
Faudrait-il provoquer une dissolution ?
En cas de crise politique prolongée, il n’est pas d’autre issue que de rendre la parole au peuple. La dissolution de l’Assemblée nationale est donc dans ce cas l’issue la plus naturelle et la plus probable.
Mais à l’UMP, Nicolas Sarkozy, François Fillon ou Alain Juppé paraissent rejeter toute cohabitation…
Cette attitude ne me paraît ni réaliste, ni soutenable devant les Français. On ne peut pas se présenter à une élection en disant : « Si vous m’élisez, si j’obtiens la majorité, je refuserai de gouverner ». François Mitterrand et Jacques Chirac ont tous deux montré que le seul choix possible est de gouverner la France même dans une situation de cohabitation. J’oserai même dire que les trois gouvernements, Chirac, Balladur, Jospin, issus des trois cohabitations qui se sont produites en France au cours de ces trente dernières années ont été plus utiles au pays que bien d’autres !
Si François Hollande vous le proposait, accepteriez-vous d’être Premier ministre ?
Il n’y a aucune hypothèse de cet ordre. Je mets toutes mes forces à concevoir et à proposer un projet de reconstruction pour notre pays. Et j’applique cette vision à la base, concrètement, à Pau, dans la ville dont je suis maire. Un tel projet exige une forte adhésion, des rassemblements larges, une démarche non sectaire. Le jour viendra où cette nécessité s’imposera pour le pays tout entier. Ceux que j’appelle les reconstructeurs devront se rassembler pour agir.
Si les institutions devaient se paralyser totalement, faudrait-il que François Hollande démissionne ?
Mais comment obliger le Président de la République à démissionner ? On ne va pas organiser un putsch ! Il n’y a pas d’autre choix disponible que d’assumer ses responsabilités devant les Français quand on gagne une élection et que le Président de la République nomme un gouvernement qui représente fidèlement et sans ruse la majorité sortie des urnes.
Que devient votre alliance avec Alain Juppé qui vous a soutenu lors de votre élection à Pau ?
J’ai pour Alain Juppé amitié, estime et solidarité. Je mets de l’espoir dans la démarche qu’il a entreprise et je suis prêt à l’aider. Si des responsables politiques hier séparés savent s’entendre autour d’idées fortes, cela donnera de l’espoir aux Français.
Le soutiendrez-vous lors de la primaire de l’UMP à laquelle il a déclaré qu’il sera candidat ?
Je me reconnais beaucoup dans ses attentes. Pour autant, je ne suis pas engagé dans cette primaire. Participer à une primaire c’est en accepter les résultats quels qu’ils soient et je ne veux pas me lier à l’avance. Si le centre veut exister, il faut qu’il soit indépendant.
Qui soutiendrez-vous pour succéder à Jean Louis Borloo à la tête de l’UDI ?
Je n’ai pas à intervenir dans cette élection et je ne le ferai pas. Mais le MoDem et l’UDI doivent travailler ensemble. Pour moi, le meilleur candidat, ce sera donc le plus unitaire, celui qui travaillera avec nous au rassemblement de tous les mouvements du centre.
Croyez-vous au retour de Nicolas Sarkozy ?
Avec tous les signaux qu’il a envoyés et qu’ont envoyé ses proches, cela paraît une évidence. Comment reculerait-il ? Je ne vois pas beaucoup de suspens à ce sujet.
Quelle est au fond votre ligne politique ?
Je veux être un reconstructeur de notre pays sinistré et je veux que se rassemblent tous les reconstructeurs.
04 septembre 2014