Causes, Conséquences et Remèdes aux Résultats du vote du 25 mai 2014. (partie 1)
Les résultats des élections européennes de mai 2014 sont sans appel : l’avancée du FN a créé selon les termes utilisés dans le monde politique : une implosion, un séisme, un tsunami, une décomposition des partis politiques traditionnellement au pouvoir.Il convient d’en déterminer les raisons, les conséquences en Europe et en France, et les propositions de sortie de cette situation politique.
Quelques raisons, parmi d’autres…
Si l’on retient le mot «tsunami», on peut prévoir que la vague qui risque de nous rattraper est née petite en 1981. Le septennat de Valery Giscard d’Estaing(UDF) avait apporté des avancées importantes (IVG, majorité à 18 ans, Lois d’économie d’énergie ) et laissé une dette publique de 12 % du PIB. Par contre, l’élection de François Mitterrand (PS) est due à la trahison de Jacques Chirac (RPR) .
Les Mandats de François Mitterrand :Ce fut le début des déficits et des dettes, mais aussi au moins de trois erreurs : les 35 h qui ont plombé l’économie et qui semblent irréversibles (1) ; la création de l’Euro sans mesures d’accompagnement (gouvernance économique…) ; la place faite au sulfureux Bernard Tapie. Début de «l’ère de la confusion sans frein entre argent public et intérêts privés»
Les Mandats de Jacques Chirac : La dette publique a augmenté de neuf points durant la présidence de Chirac, pour culminer à 63,9 % fin 2006.
Les principales erreurs: le service militaire supprimé qui aurait pu former des citoyens (2) ; le mandat présidentiel ramené à 5 ans ; l’absence de volonté à réformer structurellement la France. Affaires politico-financières : l’affaire des emplois fictifs(le condamnant à deux ans de prison avec sursis), celle des faux chargés de mission, ou encore l’affaire des HLM de la Ville de Paris.
Le Mandat de Nicolas Sarkozy : Avant son mandat, Nicolas Sarkozy, avocat, proposait des placements à l’étranger pour optimisation fiscale. Comme président, il est apparu aux Français comme un homme d’argent, qualifié de «président bling-bling» et de «président des riches» (Fouquet’s, vacances sur le yacht de Vincent Bolloré…) Il a divisé les Français se mettant à dos des catégories sociales entières : magistrats, chercheurs, enseignants, fonctionnaires et même les militaires ; il s’est droitisé vers le FN. Affaires politico-financières :Clearstream, affaire Woerth-Bettencourt, financement supposé de la campagne présidentielle par le régime libyen...
Le Mandat François Hollande : Impopularité croissante de François Hollande : absence de gouvernance, d’autorité, de ligne directrice, incapacité de trancher, opposition d’une partie de la population au projet d’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe, promesses économiques non tenues : inversion de la courbe du chômage et engagement de «stabilité fiscale», lutte contre la finance. S’ajoutent l’affaire Cahuzac et l’affaire Léonarda. Contrairement à ses promesses de campagne, il se prononce pour la ratification du pacte budgétaire européensigné par N. Sarkozy et relance la procédure d’adhésion de la Turquie à l’UE.
En conclusion, de 1981 à 2014 : augmentation du chômage et de la dette (12% fin 1980 à 93,5% fin 2013), absence de moralité d’une partie du personnel politique créant un climat délétère, non-renouvellement des politiques au profit des jeunes et absence de réformes si utiles à la France. Cadres UMP et PS uniquement préoccupés à la conservation ou à la prise du pouvoir et à la diabolisation du FN. La gauche n’exerce plus son rôle de protection des faibles, qui, par colère, se sont égarés du côté du FN. Toutes ces raisons expliquent le rejet actuel qui a permis le score du Front national !
En Europe : La montée du populisme, dont les idéologies sont hétérogènes, n’influera pas les votes du Parlement européen en raison de leur nombre (140 /751 eurodéputés).
Néanmoins, leur nombre offrira une tribune médiatique à leurs idées. Par contre, ce populisme devrait servir d’aiguillon pour contraindre le personnel politique européen à prendre rapidement
les bonnes décisions. Sinon, dans 5 ans les partis populistes seront encore plus représentés. La décomposition politique en France et l’affaire Bygmalion, affaiblissent la voix de la France.
En France : La décomposition du paysage politique français, annoncée par François Bayrou en 2002 (création de l’UMP constitué du RPR et d’une partie de l’UDF) commençait à être visible par tous les français depuis 2 ans.
La Droite : Divisée en trois groupes, au moins :
– la «France forte», courant après le FN, a conduit beaucoup d’électeurs modérés à voter Hollande.
– des anciens UDF, partis à l’UMP par intérêt personnel qui après constatation de la rupture idéologique d’avec Nicolas Sarkosy, ont créé l’UDI, sous l’impulsion de Jean Louis Borloo.
– le reste «flotte» entre deux eaux et a du mal à s’orienter. Certains l’appelle «droite républicaine», mais est-elle unie ?
Que deviendront ces groupes en fin d’année après la désignation de leurs présidents ?
La Gauche : Dès le début, nombreuse, la majorité présidentielle, comprenait une grande hétérogénéité idéologique qui s’est fait sentir au cours du temps. EELV a quitté le gouvernement, et dernièrement, un sénateur a souhaité un rapprochement avec le MoDem… !!! Quant au PRG on ne l’entend guère. Il y a quelques mois une dizaine de députés PS ont fait entendre leur désaccord, maintenant ils seraient une quarantaine ! Une députée de la gauche du PS utilise le langage des années 1960 («lutte des classes», «plus à gauche»), comme d’ailleurs l’extrême gauche et chose jamais vue, on a constaté un vote FN dans les rangs des syndiqués, habituellement fidèles à la gauche. Toutes ces résistances montrent que la gauche n’arrive pas à faire son Bad Godesberg (3) .
François Hollande est donc paralysé par le PS pour faire les réformes structurelles qui seraient pourtant nécessaires pour le pays et les Français et occupe le parlement avec des projets accessoires. Rappelons la réponse de Jean Peyrelevade à François Bayrou : «Je ne sais pas si on peut gagner en disant la vérité, mais je suis sûr que l’on ne pourra pas gouverner si on ne la pas dite auparavant pendant la campagne présidentielle ».
François Hollande ne peut plus gouverner.
Rémi THOMAS
A suivre : Partie 2 Que pourrait faire le Pouvoir actuel ?
Partie 3 Résultats des Européens, que pourrait faire le MoDem-UDI ?
(1) Passer de 35 h à 39 h entraînerait le refus des salariés sauf si les salaires augmentent en proportions. Dans ce cas faute d’une trésorerie et d’un carnet de commande suffisants, la majorité des entreprises ne pourront l’assumer (Ce qui aurait été possible en période de plein emploi, ce qui n’est pas demain la veille !)
(2) Le service militaire réformé pour des questions de budget et de recherche de haute technicité, aurait du être non pas supprimé mais réduit car il permettait, outre la mixité sociale d’instruire les citoyens, aptes à vivre en société, à connaître leurs droits et devoirs et parfois de leur apprendre un métier. Notre jeunesse en aurait eu bien besoin.
(3) Pour la première fois, le SPD (parti allemand) en 1959 au congrès extraordinaire de Bad Godesberg abandonne formellement les idées d’inspiration marxiste. Il reconnaît l’économie de marché et se dit lié au peuple entier, non aux seuls travailleurs.
« La République corruptible ». Avec Jean Garrigues, historien et président du Comité d’histoire parlementaire et politique :
http://www.dailymotion.com/video/x106op8_les-rendez-vous-de-la-democratie-11eme-session-140513_news