L’Europe à Vendre ………?
Notre chère Europe commence à apparaître ici ou là dans les préoccupations des états-majors des partis politiques, calendrier oblige. Or, quitte à faire du chagrin à certains, les seuls à traiter le sujet correctement sont les populistes. Bien entendu, je parle plus de la forme que du fond, et encore, ça se discute …
Sur la forme d’abord… Les Français n’en ont plus que faire des gentils professeurs qui disent des choses raisonnables : ils les ont conduits à la situation actuelle, ou
tout au moins, ils le croient. Pontifier du haut de sa grandeur, de sa béatitude, de son excellence ou de sa sérénité leur donne des crises d’urticaire. Ceux qu’ils croient maintenant, ceux à qui ils font confiance, ce sont les «anti-système», c’est-à-dire les populistes «grandes gueules». C’est triste, j’en conviens, mais c’est comme ça. Se claquemurer dans le déni de réalité à cet égard est suicidaire et nous mène directement au mur. Evidemment, tout dépend de la vitesse à laquelle on le percute. Il est d’ailleurs étonnant pour le Mouvement Démocrate que la leçon du même scrutin, il y a à peine six ans, face à l’ineffable Cohn Bendit, n’ait toujours pas porté : c’était pourtant déjà la même problématique. Mais passons maintenant au fond : Il faut arrêter avec cette histoire de paix : c’était bon pour la génération précédente ! L’argument est maintenant complètement éculé, même s’il est exact. Les nouvelles générations ne savent pas ce qu’est la guerre, même s’ils la voient à la télévision. Cà ne leur parle pas, c’est de l’histoire ancienne. Ce qui les intéresse en revanche, c’est l’aspect économique et social de leur vie de tous les jours et, de ce côté-là, il faut bien reconnaître que l’Europe que nous avons sous les yeux
est un repoussoir absolu.
La marchandisation de tout, y compris des personnes, est devenue le dogme absolu, avec son corollaire de drames sociaux liés au jeu des capitaux et des intérêts d’une poignée d’oligarques.
Ce qui les intéresse aussi, c’est d’y comprendre quelque chose. Là encore, merci de l’effort de pédagogie entrepris sur ce site depuis quelques mois, il faut bien ça pour commencer à taquiner le début d’une compréhension des structures à la « Dubout », qui font fonctionner les institutions européennes actuelles. Enfin, il y a une question d’identification. Les Etats nations sont attaquée de toutes parts, sans qu’une identité européenne ne vienne se substituer à eux.
Face à cette dilution d’une part, cette absence d’autre part, qui est-on, qui fait quoi et vers quoi va-t-on ?
Dans ce cadre, il est clair que faire campagne pour l’Europe relève du plus pur des masochismes ou de la sainteté, tant le degré de détestation atteint par nos concitoyens est élevé. Il faut pourtant le faire, car l’Europe reste malgré tout la meilleure idée que les peuples de ce continent aient eue depuis Charlemagne.
Alors, comment le faire ? Il semble tout aussi clair qu’il faut se démarquer franchement de l’Europe d’aujourd’hui, qui ne correspond pas, loin s’en faut, au rêve des pères fondateurs. Il faut hurler avec les loups. Si nous ne le faisons pas, nous ne serons même pas entendus ! La seule différence à mettre en avant par rapport aux populistes, c’est que nous ne devons pas proposer la destruction de l’Europe, avec des utopies du type du retour aux monnaies nationales ou du rétablissement des frontières internes.
Nous devons néanmoins proposer de «casser la baraque», mais pour construire une autre Europe, plus accessible, plus compréhensible, plus démocratique et plus humaine.
C’est à ce rêve-là que nous devons inviter nos concitoyens, sans vouloir à tout prix peindre de rose bonbon ce qui est franchement noir dans l’Europe d’aujourd’hui : les Français ont des neurones avec le mode d’emploi, ils ne nous croiraient pas un seul instant.
Jacques Isnard
Posté sur le blog par MoDem Morbihan, dimanche 12 janvier 2014 || Catégorie(s) : Nos Ecrits