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L’utopie d’aujourd’hui est-elle vraiment la réalité de demain ? | Modem 56
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14 01 04 Illustration édito 1
 

L’utopie d’aujourd’hui est-elle vraiment la réalité de demain ?

Se parler … est-ce si difficile que cela ? Apparemment, oui, je dirais même que l’incommunicabilité, voire l’anathème et l’opposition les plus systématiques qui soient sontdes particularités nationales, sans doute héritées de nos lointains ancêtres les Gaulois. Mais au moins savaient-ils s’unir face au danger, ce que nous ne savons plus faire.
En effet, de nos jours, il faut tout rationaliser, identifier, classer, étiqueter. Une fois ce travail fait, il convient ensuite de cloisonner son encéphale, de manière à créer des cellules, à l’intérieur desquelles on va disposer les
différents acteurs de la société, dûment étiquetés à l’issue de l’étape précédente. On choisira de préférence une cellule bien étanche pour y mettre l’homme politique : de nos jours, c’est sa place, bien cadenassée, pour qu’il ne pollue surtout pas les autres ! L’associatif, lui, bénéficie de toutes les faveurs : lui, il est pur, il est beau ! Et puis, on disposera les institutionnels, les fonctionnaires, les industriels, les banquiers, etc., chacun avec plus ou moins
d’espace, de portes, de fenêtres, voire de passerelles pour communiquer avec les autres, selon le degré de dangerosité qu’on lui attibue.
Car on en est là ! Le moteur de toute l’affaire, c’est la peur ! « Qu’est-ce que c’est, qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ? » disait le comique. Il ne savait pas si bien dire, si bien décrire la société d’aujourd’hui et l’état d’esprit qui la caractérise. Bien entendu, dans ces conditions-là, on peut mieux se parler ; ça va aussi beaucoup mieux pour travailler et bâtir ensemble ! Au moins trois associations à Guer on refusé de nous rencontrer, sous prétexte             « qu’on était des politiques » ! Certaines ont même débattu de la question au sein de leur bureau, avec vote, s’il vous plaît ! Quelle ouverture d’esprit ! Quant aux commerçants et autres entrepreneurs, toujours extrêmement volubiles quand il s’agit de critiquer l’actuelle équipe municipale, c’est une autre approche : je vais perdre ma clientèle ; je ne pourrai plus participer aux appels d’offres de la municipalité ; maman, sauve qui peut !
Est-ce une fatalité ? Oui et non. Oui si on considère l’ensemble, et c’est désespérant ; non si on examine la situation au microscope, car il existe des îlots qui échappent à cette logique, et c’est une lueur d’espoir. On a déjà évoqué dans ces colonnes l’exemple surprenant de la communauté de communes du Mené, où des opposants politiques ont appris à travailler ensemble pour la mise en oeuvre d’un projet d’envergure : l’autonomie énergétique de leur territoire, rien que ça ! Ce n’est pas le Morbihan, c’est vrai, mais ça n’est pas bien loin quand même !

Alors, la question se pose : est-ce que notre rôle ne serait pas, finalement, d’être des facilitateurs de communication, d’ouverture aux autres ? Sans doute, mais le chemin sera long, et comme le dit si bien Jean Lassalle :
« il est minuit moins cinq » ! A cet égard, peut-être est-il déjà trop tard ?

  Jacques Isnard

 

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